Cette communication vise à comprendre ce qui se joue dans la tolérance des agriculteurs à l’égard des chasseurs. Dans une première partie, il s’agit a) de situer la chasse au regard de l’agriculture en termes anthropologiques (l’agriculture à mi-chemin entre chasseurs-cueilleurs et urbanité), en termes en termes juridiques (droit de chasse et droit de propriété) et en termes sociologiques (chasse traditionnelle, chasse loisir…) ; b) d’articuler les espaces agricoles et les espaces cynégétiques, la multifonctionnalité étant la règle et le zonage l’exception ; c) de pointer le rôle de la chasse et des chasseurs dans la dialectique compliquée qui lie l’agriculture à l’écologie (Countryside alliance, chasseurs écolos, jachère faune sauvage). Dans une seconde partie la méthodologie est présentée, mettant en avant le choix de l’échelle parcellaire des usages et des interactions (au détriment de l’échelle territoriale des jeux d’acteurs) ainsi que le point de vue et l’expérience des agriculteurs sur la chasse (au détriment de ceux des chasseurs sur l’agriculture). Les principaux résultats contribuent à dessiner le portrait de la chasse comme un loisir aux champs : outre la question de l’accès des chasseurs sur les parcelles, sont abordés les intérêts réciproques qui lient les deux milieux, les espaces d’interaction effective (cartes de la chasse sur des exploitations agricoles) et les ressources qui sous-tendent les interactions observées (privé-public, respect, compétences sociales partagées permettant des compromis). Mais si la chasse est étonnament bien tolérée par les agriculteurs interrogés, elle doit cohabiter avec d’autres loisirs en espace agricole (pêche, cueillette, promenades équestres, pédestres et en VTT) ce met l’agriculteur en situation de médiation sur ‘ses’ terres.

The aim of this paper is to understand what is at stake in farmers' tolerance of hunters. In the first part, the target is a) to situate hunting in relation to agriculture in anthropological terms (agriculture halfway between hunter-gatherers and urbanity), in legal terms (hunting rights vs property rights) and in sociological terms (traditional hunting, leisure hunting, etc.); b) to articulate agricultural and hunting areas, multifunctionality being the rule and zoning the exception; c) to point out the role of hunting and hunters in the complicated dialectic that links agriculture and ecology (Countryside alliance, hunter ecology, wildlife set-aside). In the second part, the methodology is presented, highlighting the choice of the plot scale of uses and interactions (to the detriment of the territorial scale of the interplay of stakeholders) as well as the point of view and experience of farmers on hunting (to the detriment of those of hunters on agriculture). The main findings help to paint a picture of hunting as a leisure activity in the fields: in addition to the issue of hunters' access to plots, the mutual interests linking farmers and hunters are discussed, as are the areas of effective interaction (hunting maps on farms) and the resources underpinning the interactions observed (private-public, respect, shared social skills enabling compromises to be made). But while hunting is surprisingly well tolerated by the farmers interviewed, it has to coexist with other leisure activities on farms (fishing, picking, horse riding, walking and mountain biking), which puts farmers in a situation of mediation on ‘their’ land.