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Monsieur

Ludovic Lestrelin

Corps : MCF-HDR (MCF - Habilitation à Diriger des Recherches)
Discipline(s) : Sociologie (shs.socio)
Tutelle : MESRI (Ministère de l'Enseignement Supérieur de la Recherche et de l'Innovation)
Site ESO : Caen
Rattachement aux chantiers ESO :

Responsabilités / Titres

Puisant d’une part à la diversité conceptuelle et théorique des sciences sociales, fondées d’autre part sur des enquêtes de terrain approfondies et des méthodologies qualitatives (observations, entretiens semi-directifs, récits de vie, exploitation d’archives et analyses documentaires, cartographie), mes recherches se déclinent selon trois orientations complémentaires.

Socio-histoire du spectacle sportif

Mes premiers travaux universitaires ont porté sur l’évolution des modes de consommation et de suivi du spectacle du football professionnel en Europe. L’investigation sociologique de collectifs de supporters de l’Olympique de Marseille résidant en Normandie, dans le Nord de la France et en région parisienne a permis de décrire la signification changeante des relations entre les équipes et leurs publics et de forger la notion de « supportérisme à distance » pour saisir la déterritorialisation relative de l’économie et de la culture du football : géographie nouvelle des soutiens, mobilité spatiale des supporters, rôle des médias et de la télévision, stratégies commerciales d'internationalisation des clubs. Ce travail a donné lieu à un livre (L'autre public des matchs de football, 2010), à des articles, entre autres dans L'Espace géographique (2009), Sociologie (2013), Mouvements (2014), et à diverses contributions dans des ouvrages (dont la dernière en date : L'épreuve des frontières sociales, 2023). Cette réflexion m’a amené à explorer le monde des « supporters » au sens large, appréhendés dans toutes les facettes de leur vie personnelle, en considérant que le supportérisme était une porte d'entrée pertinente pour documenter les univers de vie de certains groupes sociaux. Parmi les transformations identifiées figure ainsi l'importance grandissante des appartenances électives au sein des fractions (masculines) des classes populaires et moyennes. Mais l’étude des déclinaisons diverses de l’engagement supportériste s’insère aussi dans une réflexion plus générale sur les formes d’investissements croisés dans le spectacle sportif : dirigeants et salariés des clubs, journalistes, élus, riverains des infrastructures, autorités publiques, etc. Deux chantiers illustrent ce souci de relier les supporters aux autres catégories d'acteurs interagissant autour des compétitions. J'ai d'abord œuvré, dès le tout début des années 2000 avec Jean-Charles Basson, à importer les outils de la sociologie politique pour penser le supportérisme et évaluer si celui-ci peut être envisagé comme un objet concourant aux phénomènes politiques sans être formellement politique. Un article paru dans Sciences sociales et sport (2015) montre ainsi l'intérêt théorique de comparer les carrières supportéristes à des carrières militantes. Afin de documenter la montée de la critique et de la protestation parmi les groupes de supporters européens, deux textes au caractère programmatique ont pris place dans des ouvrages collectifs (L'autre visage du supportérisme, 2014Aux frontières du football et du politique, 2016). Depuis 2020, l'encadrement avec Michel Koebel de la thèse de Derya Uygun sur le supportérisme en Turquie prolonge ce volet de recherche. Un autre chantier, ouvert au milieu des années 2010, porte sur la trajectoire biographique et posthume d'un supporter icône de l'Olympique de Marseille, dont la renommée a largement dépassé les frontières du stade : Patrice De Peretti dit Depé. Deux articles parus dans Ethnologie française (2016) et Terrain (2020) posent les premiers jalons d'une enquête de longue durée que je chercherai à valoriser dans les années à venir. Par ailleurs, la prise en compte des modes évolutifs d'assistance aux spectacles et d'expression du soutien, au cours du XXe siècle, est une préoccupation. Le dialogue avec les collègues historiens s'est concrétisé par ma participation à un ouvrage collectif sur l'histoire des supporters dirigé par Philippe Tétart (2019), via un chapitre écrit avec Marion Fontaine portant sur Nîmes et Marseille dans les années 1920 et 1930. Au final, ce sont en fait les dimensions sociales, économiques et politiques du sport dans sa version spectaculaire qui m’intéressent. Ce programme de recherche, qui s'est donc déployé dans des directions diverses, connaît une forme d'aboutissement avec la rédaction d'un livre de synthèse publié en octobre 2022 (Sociologie des supporters, éditions La Découverte, collection "Repères").

Action collective et logiques de la coordination : le cas des organisateurs d'événements sportifs

La première orientation de recherche trouve un prolongement avec l’analyse de l’essor du modèle néolibéral de spectacle sportif, marqué par la hausse des impératifs commerciaux reliés aux enjeux accrus de sécurisation. Les matchs de football, notamment, sont depuis longtemps construits comme un spectacle commercial. Depuis quelques décennies, ils se caractérisent aussi par le déploiement d’un important dispositif sécuritaire pour gérer les risques de désordres et protéger leur potentiel marchand. Ce dispositif, qui met en jeu une chaîne d’acteurs étendue et complexe, suppose des moyens humains, technologiques et matériels conséquents. L’investigation se porte alors sur le travail au sein des organisations en charge de la bonne tenue des événements sportifs, entre autres les clubs professionnels qui ont connu d’importantes transformations depuis les années 1980 en adoptant progressivement le statut de sociétés commerciales. Au croisement de la sociologie économique, du travail et de l’action organisée, les questions étudiées sont celles des logiques de la coordination entre acteurs, de l'articulation entre autorité et capacité à résoudre collectivement des problèmes. Les enjeux de l’internalisation et de l’externalisation, des usages des outils de gestion, des nouvelles technologies et du numérique retiennent aussi l'attention. Concrétisée récemment par la publication d'un article dans la Revue française de sociologie (2021, écrit avec Bastien Soulé), cette orientation de recherche vise à s’inscrire plus largement dans la dynamique des études urbaines portant sur la « smart city » et la « safe city ». Elle vient renouveler la collaboration avec Bastien Soulé qui avait initialement porté sur le dopage aux travers de deux articles parus dans le Journal of Sport and Social Issues (2011) et la Revue européenne des sciences sociales (2012).

La valorisation territoriale par le sport

La troisième orientation de mes recherches s'est affirmée au fil de l'encadrement, avec Marina Honta, de la thèse d'Adrien Sonnet (2020), qui porte sur le gouvernement municipal des villes thermales françaises. Y est notamment pointé le recours récurrent aux activités physiques et au registre discursif du bien-être pour moderniser l'offre et attirer une clientèle disposant de ressources économiques, soucieuse de sa santé. Ce travail a, pour le moment, donné lieu à des articles dans Jurisport (2017), Lien social et Politiques (2017) et Gouvernement et Action publique (2023), à un chapitre d'ouvrage (Action publique et partenariats, 2020), en attendant d'autres valorisations à venir. Il est désormais relié directement à une réflexion sur « l’attractivité territoriale », discours qui s’est diffusé à tous les échelons de l’action publique locale, des municipalités aux régions en passant par les départements et intercommunalités, dans un contexte de concurrence généralisée. Le sport constitue, à ce titre, une composante de l'offre territoriale et du récit voulu par les élus et porté par diverses organisations impliquées dans les démarches de marketing. Équipements et sites sportifs structurants, événements ponctuels et récurrents, performances des clubs et athlètes de haut-niveau, clusters d’entreprises et pôles de compétitivité, activité physique reliée aux thématiques de la santé et du bien-être sont utilisés au titre d’argumentaire pour rayonner et construire une image séduisante, attirer des visiteurs, vanter les atouts du territoire et la qualité du cadre de vie, fédérer la population locale. Il s'agit dès lors d'étudier particulièrement l’implication des élites politiques et économiques dans le travail de valorisation territoriale par le sport. Sont alors questionnées les dynamiques de projets : les réseaux élitaires qui progressivement se constituent, les coopérations, coalitions et alliances qui se nouent, les sociabilités qui en découlent (les coulisses de l’action publique en somme), mais aussi les éventuelles résistances et contestations que ces projets peuvent rencontrer dès lors qu’ils sont publicisés. Le terrain normand est ici privilégié. Un premier texte écrit avec Adrien Sonnet est venu alimenter l'Atlas social de Caen (2020), projet porté par l'UMR ESO. Cet axe de recherche autour de l'attractivité territoriale est destiné à gagner en ambition via l'inscription dans un programme émergent au sein de la MRSH de Caen, qui vise à fédérer un collectif de chercheurs en sciences sociales travaillant sur le sport. Nommé « TerAtTerS » (pour Territoires attractifs, territoires sportifs), son démarrage est effectif depuis l'automne 2022. 

Publications

Nombre de résultats : 6

Nombre de résultats : 12

Nombre de résultats : 11


OpenAccess (texte intégral)
Ludovic Lestrelin dans Hal-SHS

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Média

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