Le collectif Caen à Elles a initié, dès 2023, une réflexion autour de la sous-représentation des femmes dans l’espace public comprenant le recensement des figures de femmes normandes, la création de balades commentées et de plaques de rues posées temporairement dans la ville. Cette étude propose de poursuivre cette dynamique à travers un état des lieux des noms de rues faisant référence aux femmes dans la ville de Caen. À travers l’analyse des noms de rues, c’est la symbolique de la ville qui est aussi questionnée. Au-delà des seuls noms de rues, la marginalisation des femmes dans l’espace public met en lumière une organisation de la ville historiquement façonnée par et pour les hommes ainsi que pour les catégories sociales dominantes.
Forte de ses 36 000 étudiants, Caen est régulièrement classée parmi les meilleures villes étudiantes de France pour son cadre de vie. Quelles représentations de la ville de Caen les étudiants ont-ils ? De 2017 à 2022, nous avons collecté un échantillon de 1 800 cartes mentales où sont cités 600 lieux différents. La plupart des étudiants sont de l’Université de Caen, surtout du campus 1.
Les références à Caen dans les clips d’Orelsan s’étalent sur plus de dix ans, depuis l’album Perdu d’avance (2009) jusqu’à l’album Civilisation (2021). L’espace caennais subit pourtant un traitement différencié : tantôt anonyme, tantôt présent en filigrane et tantôt publicisé. Caen est à la fois représentée comme une ville française moyenne et une ville-identité que le rappeur utilise comme ancrage territorial. Au-delà de Caen, le traitement de l’image véhicule les clichés d’un rap subversif empreint de références américaines ou japonaises. La culture urbaine est mise en avant dans un climat d’alcoolisme permanent. Elle laisse une place progressive à un cadre géographique traditionnel, vécu comme une source d’apaisement à la campagne et à la mer.
Le rappeur Orelsan met régulièrement en avant dans ses textes ses origines normandes, et décrit en particulier son espace vécu, pendant sa jeunesse, dans la ville de Caen. C’est dans la chanson « Dans ma ville, on traîne » (album La fête est finie, 2017) qu’il aborde de la façon la plus claire et directe son attachement personnel au territoire, et que l’on perçoit le lien contradictoire qui relie l’artiste à Caen, ville à la fois aimée et détestée. Pour Orelsan, les lieux vécus ne sont pas neutres, ils servent à témoigner des conditions de vie des habitants et des injustices sociales.
La mise en récit de lieux parcourus, montrés et décrits dans l’œuvre d’Orelsan apparaît comme un facteur, parmi d’autres, expliquant son succès dans l’univers du rap. Orelsan, bien que né loin de la « banlieue », a construit à travers ses clips et chansons des images fortes d’un possible désarroi des enfants des classes moyennes. La trajectoire sociale et artistique d’Orelsan combine des ancrages territoriaux et des espaces vécus de l’agglomération caennaise et de la Normandie. Sublimés dans l’œuvre, ils laissent en retour des empreintes spatiales multiples, visibles à Caen. Ces lieux sont réinterprétés et réinvestis par des fans, des habitants, des touristes et sont désormais intégrés au sein de récits territoriaux par des acteurs privés et publics.
Les zones de contact entre l’eau et la ville font l’objet d’un engouement important à l’échelle mondiale. Appelés fronts d’eau, ces espaces sont à forts enjeux économiques, culturels, sociaux et symboliques. De ce point de vue, Caen possède un atout indéniable puisque deux voies d’eau, le canal et l’Orne, relient le centre-ville à la mer, délimitant ainsi ce que l’on appelle la Presqu’île. Au cours des décennies à venir, environ 300 ha de friches industrielles sont susceptibles d’être urbanisés pour un potentiel de milliers de logements : une aubaine historique pour transformer la ville et faire face à la crise du logement. Mais les perspectives du changement climatique questionnent ces aménagements et sont sources d’incertitude depuis 2023.
Une carte mentale géographique est un dessin réalisé librement sur une feuille de papier blanche par une personne pour représenter un lieu donné. Il s’agit d’une carte personnelle, subjective, déformée par rapport à la réalité, qui exprime le ressenti et les liens affectifs tissés avec le territoire. Pour un même lieu, une diversité de cartes mentales existe, en fonction de l’âge des personnes, de leur catégorie sociale, de leur lieu de résidence, de leurs déplacements, de leur imaginaire, etc. A quoi ressemble Caen et son agglomération vues par le prisme des cartes mentales ? Que révèlent les différences entre l’espace réel et l’espace dessiné ?
La Prairie de Caen est un espace vert apprécié des Caennais, tout à la fois siège de l’hippodrome de la ville, poumon vert à l’intérêt ornithologique certain, zones d’expansion des crues de l’Orne, que lieu de pratiques récréatives. Néanmoins, cet espace qui semble figé dans le tissu urbain, n’est que la relique d’un ensemble de prairies humides beaucoup plus vastes, grignotées par la ville depuis des siècles.
Entre le moment où des activités économiques sont déclinantes ou obsolètes et le moment où de nouvelles activités peuvent les remplacer, il peut s’écouler de très nombreuses années. Du temps est en effet nécessaire pour concevoir des plans d’aménagement, trouver des financements, mener des choix d’urbanisme et d’architecture, exécuter les travaux, etc. Les friches urbaines qui résultent de ces temps d’attente font souvent l’objet d’appropriation temporaire par certains habitants : des artistes, des militants, personnes marginalisées, etc.
L’apparition d’un « îlot de chaleur urbain » (ICU) est la manifestation la plus concrète de la présence et des activités d’une ville sur le climat local. Ses caractéristiques d’intensité, de durée, de fréquence, de rythme, de forme et d’extension reflètent les particularités de chaque ville, particulièrement son cadre physique, la densité de son bâti et la nature de ses matériaux de construction, sous la dépendance préalable de « types de temps » favorables à sa formation (conditions claires et calmes). De ce fait, chaque agglomération possède sa propre « identité thermique », variable dans le temps et dans l’espace.
Les revenus sont un indicateur clé du niveau de vie des ménages, de la richesse et de la pauvreté des habitants. Leur analyse complète celle des professions et catégories socioprofessionnelles, et des niveaux de diplôme. Elle s’articule avec l’étude des lieux où résident les personnes qui ont le pouvoir économique et celles qui n’en ont pas, ou peu. Quelles sont les communes et les quartiers riches et pauvres ? Quelle est la géographie des revenus tirés exclusivement du patrimoine ? La situation actuelle reproduit-elle les inégalités de revenus observés à Caen il y a 40 ans ?
Où habitent les chômeurs caennais et quels sont les secteurs qui concentrent les taux les plus élevés ? Comment la situation a évolué entre 2008 et 2018 ? Comment expliquer les différences de taux de chômage entre les communes, et les quartiers ?
Les jeunes en situation de décrochage scolaire, c’est-à-dire quittant le système scolaire sans diplôme autre que le brevet à la fin du collège, réduisent fortement et durablement leurs chances d’insertion professionnelle et d’emploi. Or, les risques de décrochage scolaire sont inégaux selon le lieu de résidence des jeunes. Mieux connaître ces inégalités de répartition spatiale de risques permet de cibler des actions de lutte contre le décrochage sur certains territoires.
La réforme territoriale de 2015 portant sur une réduction de 22 à 13 du nombre des régions aboutit à la réunion des deux Normandie (Basse Normandie et Haute Normandie), sans susciter une grande opposition. Mais reste entière la question de la capitale régionale. Caen se prétend aussi légitime que sa rivale rouennaise. Et Le Havre, terminal de Paris ouvert sur le Monde par l’axe de la Seine, fait aussi valoir ses atouts. Rouen a été promue métropole à compter du 1er janvier 2015 par la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, dite loi MAP-TAM. La rivalité historique des trois villes s’est concrétisée par la promotion, par chacune d’entre elles, d’un pôle métropolitain. En même temps prenait corps l’idée d’une métropole tricéphale partageant les fonctions de métropole politique et administrative entre Rouen et Caen, et Le Havre.
En France, la possession d’un diplôme facilite grandement l’insertion professionnelle et sociale des jeunes, selon les résultats des enquêtes du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Plus l’individu est diplômé et moins il a de risques de rencontrer le chômage et l’inactivité au cours des premières années (de trois à sept ans) de sa vie active. Depuis les années 1980, la part des reçus aux diplômes du secondaire, diplôme national du brevet et baccalauréats n’a cessé de croître. La création des baccalauréats professionnels en 1985 y a contribué. Dans une génération, la proportion de jeunes diplômés est en progression constante.
Les évaluations de CP-CE1 sont les derniers indicateurs disponibles des difficultés des élèves face aux apprentissages. Elles sont présentées par le Ministère en charge de l’Education Nationale comme un outil d’aide à la programmation individualisée des apprentissages. En conséquence, elles restent confidentielles alors qu’elles sont un indicateur objectif des difficultés rencontrées par les élèves dans l’utilisation de la langue et en mathématiques. Elles permettent de mesurer des écarts de réussite fortement corrélés aux origines sociales des élèves, comme le montre l’exemple de l’agglomération caennaise.
Dans le contexte de pandémie de Covid-19, suivie de l’inflation générale des prix de consommation, la question de la précarité alimentaire a été mise sur le devant de la scène depuis près de trois ans. En raison de la longue fermeture des universités et de la perte des emplois des étudiants, comme par exemple dans le secteur de la restauration où les mesures sanitaires étaient contraignantes, les étudiants ont été particulièrement concernés. A Caen, diverses distributions alimentaires ont été organisées sur les campus, en parallèle des mesures nationales comme le repas en restaurant universitaire à un euro.
La crise sanitaire et le contexte d’inflation, notamment des produits alimentaires, interrogent : quelles sont aujourd’hui les nouvelles conditions d’accès à l’alimentation ? Les populations isolées, âgées ou étudiantes sont connues comme étant les plus à risque d’insécurité dans leurs apports alimentaires. Une enquête par questionnaire réalisée par les étudiants et étudiantes de géographie de l’Université de Caen Normandie en 2021 indique que 24 % des étudiants déclarent diminuer leur nombre de repas pour des raisons financières.
Les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (Chrs) assurent l’accueil et le logement, le soutien et l’accompagnement pour l’insertion des personnes en difficulté. Ils sont pour la plupart gérés par des associations et organisations humanitaires, plus rarement par des collectivités publiques locales. A qui s’adressent-ils ? Où sont-ils localisés et pourquoi ?
Le parcours d’insertion de personnes en difficulté passe en priorité par le logement. Depuis une dizaine d’années, c’est le mot d’ordre qui prédomine : le logement d’abord. Dans le Calvados, on compte 2 809 places en hébergement d’urgence, temporaire, pour une nuit ou quelques jours, pour des personnes seules ou des familles sans abri, sans domicile fixe. Comment ces personnes sont-elles repérées et aidées ? Quels rôles jouent les services publics, les associations ou encore le secteur privé ?