Entre le moment où des activités économiques sont déclinantes ou obsolètes et le moment où de nouvelles activités peuvent les remplacer, il peut s’écouler de très nombreuses années. Du temps est en effet nécessaire pour concevoir des plans d’aménagement, trouver des financements, mener des choix d’urbanisme et d’architecture, exécuter les travaux, etc. Les friches urbaines qui résultent de ces temps d’attente font souvent l’objet d’appropriation temporaire par certains habitants : des artistes, des militants, personnes marginalisées, etc.
L’apparition d’un « îlot de chaleur urbain » (ICU) est la manifestation la plus concrète de la présence et des activités d’une ville sur le climat local. Ses caractéristiques d’intensité, de durée, de fréquence, de rythme, de forme et d’extension reflètent les particularités de chaque ville, particulièrement son cadre physique, la densité de son bâti et la nature de ses matériaux de construction, sous la dépendance préalable de « types de temps » favorables à sa formation (conditions claires et calmes). De ce fait, chaque agglomération possède sa propre « identité thermique », variable dans le temps et dans l’espace.
Les revenus sont un indicateur clé du niveau de vie des ménages, de la richesse et de la pauvreté des habitants. Leur analyse complète celle des professions et catégories socioprofessionnelles, et des niveaux de diplôme. Elle s’articule avec l’étude des lieux où résident les personnes qui ont le pouvoir économique et celles qui n’en ont pas, ou peu. Quelles sont les communes et les quartiers riches et pauvres ? Quelle est la géographie des revenus tirés exclusivement du patrimoine ? La situation actuelle reproduit-elle les inégalités de revenus observés à Caen il y a 40 ans ?
Où habitent les chômeurs caennais et quels sont les secteurs qui concentrent les taux les plus élevés ? Comment la situation a évolué entre 2008 et 2018 ? Comment expliquer les différences de taux de chômage entre les communes, et les quartiers ?
Les jeunes en situation de décrochage scolaire, c’est-à-dire quittant le système scolaire sans diplôme autre que le brevet à la fin du collège, réduisent fortement et durablement leurs chances d’insertion professionnelle et d’emploi. Or, les risques de décrochage scolaire sont inégaux selon le lieu de résidence des jeunes. Mieux connaître ces inégalités de répartition spatiale de risques permet de cibler des actions de lutte contre le décrochage sur certains territoires.
La réforme territoriale de 2015 portant sur une réduction de 22 à 13 du nombre des régions aboutit à la réunion des deux Normandie (Basse Normandie et Haute Normandie), sans susciter une grande opposition. Mais reste entière la question de la capitale régionale. Caen se prétend aussi légitime que sa rivale rouennaise. Et Le Havre, terminal de Paris ouvert sur le Monde par l’axe de la Seine, fait aussi valoir ses atouts. Rouen a été promue métropole à compter du 1er janvier 2015 par la loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles, dite loi MAP-TAM. La rivalité historique des trois villes s’est concrétisée par la promotion, par chacune d’entre elles, d’un pôle métropolitain. En même temps prenait corps l’idée d’une métropole tricéphale partageant les fonctions de métropole politique et administrative entre Rouen et Caen, et Le Havre.
En France, la possession d’un diplôme facilite grandement l’insertion professionnelle et sociale des jeunes, selon les résultats des enquêtes du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq). Plus l’individu est diplômé et moins il a de risques de rencontrer le chômage et l’inactivité au cours des premières années (de trois à sept ans) de sa vie active. Depuis les années 1980, la part des reçus aux diplômes du secondaire, diplôme national du brevet et baccalauréats n’a cessé de croître. La création des baccalauréats professionnels en 1985 y a contribué. Dans une génération, la proportion de jeunes diplômés est en progression constante.
Les évaluations de CP-CE1 sont les derniers indicateurs disponibles des difficultés des élèves face aux apprentissages. Elles sont présentées par le Ministère en charge de l’Education Nationale comme un outil d’aide à la programmation individualisée des apprentissages. En conséquence, elles restent confidentielles alors qu’elles sont un indicateur objectif des difficultés rencontrées par les élèves dans l’utilisation de la langue et en mathématiques. Elles permettent de mesurer des écarts de réussite fortement corrélés aux origines sociales des élèves, comme le montre l’exemple de l’agglomération caennaise.
Dans le contexte de pandémie de Covid-19, suivie de l’inflation générale des prix de consommation, la question de la précarité alimentaire a été mise sur le devant de la scène depuis près de trois ans. En raison de la longue fermeture des universités et de la perte des emplois des étudiants, comme par exemple dans le secteur de la restauration où les mesures sanitaires étaient contraignantes, les étudiants ont été particulièrement concernés. A Caen, diverses distributions alimentaires ont été organisées sur les campus, en parallèle des mesures nationales comme le repas en restaurant universitaire à un euro.
La crise sanitaire et le contexte d’inflation, notamment des produits alimentaires, interrogent : quelles sont aujourd’hui les nouvelles conditions d’accès à l’alimentation ? Les populations isolées, âgées ou étudiantes sont connues comme étant les plus à risque d’insécurité dans leurs apports alimentaires. Une enquête par questionnaire réalisée par les étudiants et étudiantes de géographie de l’Université de Caen Normandie en 2021 indique que 24 % des étudiants déclarent diminuer leur nombre de repas pour des raisons financières.
Les centres d'hébergement et de réinsertion sociale (Chrs) assurent l’accueil et le logement, le soutien et l’accompagnement pour l’insertion des personnes en difficulté. Ils sont pour la plupart gérés par des associations et organisations humanitaires, plus rarement par des collectivités publiques locales. A qui s’adressent-ils ? Où sont-ils localisés et pourquoi ?
Le parcours d’insertion de personnes en difficulté passe en priorité par le logement. Depuis une dizaine d’années, c’est le mot d’ordre qui prédomine : le logement d’abord. Dans le Calvados, on compte 2 809 places en hébergement d’urgence, temporaire, pour une nuit ou quelques jours, pour des personnes seules ou des familles sans abri, sans domicile fixe. Comment ces personnes sont-elles repérées et aidées ? Quels rôles jouent les services publics, les associations ou encore le secteur privé ?
Si les vestiges de petit mobilier militaire hérité de la seconde guerre mondiale sont communs dans les campagnes normandes, leur présence en ville est plus discrète. Mais l’œil attentif aura remarqué dans de nombreuses rues de Caen, l’existence de clôtures et portails fabriqués dans un inusable acier : le « grillage américain » ou SMT (Square Mesh Track), provenant des dizaines de terrains d’aviation temporaires bâtis par les forces américaines et britanniques sur le sol normand en 1944.
Comment l'agglomération de Caen est-elle représentée dans les médias ? Pourquoi certains lieux font-ils l'actualité et pas d'autres ? Quels sont les lieux qui ne sont jamais évoqués ? Quelle géographie des sujets médiatiques se dessine et quel en est le sens ? Pour répondre à ces questions, nous avons dépouillé tous les numéros du journal quotidien Ouest-France pour l'année 2019 puis réalisé une cartographie thématique.
Les villes sont marquées par les religions : lieux de culte, cimetières, monuments, espaces sacrés, symboles, etc. A Caen comme ailleurs, on compte des églises, temples, mosquées, synagogue, etc. Ces lieux sont-ils distribués au hasard, sont-ils le résultat de l'histoire ou la conséquence de logiques d'aménagement et d'urbanisme, voire le fait d’enjeux de pouvoirs ? Que nous apprend la géographie des espaces religieux sur la société caennaise et ses différentes confessions ?
Existe-t-il des beaux quartiers à Caen ? Plus précisément, observe-t-on des quartiers à fort patrimoine historique, à l’architecture recherchée, concentrant des lieux de prestige et de pouvoir, disposant d’espaces publics soignés, d’écoles réputées, de commerces de luxe, à proximité d’activités culturelles élitistes, et plus généralement ayant une localisation idéale pour avoir accès à tous les services, y compris ceux qui sont rares ?
Comme toutes les villes françaises, Caen essaie de favoriser la pratique des mobilités douces dans le cadre du modèle de la ville durable. Depuis plus de vingt ans, plusieurs initiatives ont été prises pour développer l’usage du vélo. Le contexte de l’épidémie du Covid-19 et la flambée du coût des énergies ont accéléré cette tendance puisqu’il est reconnu que, pour les petites distances en ville, le vélo est le véhicule le plus rapide, le moins cher et le moins polluant. Caen est-elle devenue une ville cyclable ?
En 2011, un magasin Ikéa ouvre au sud de l’agglomération caennaise. Il s’agit de la première pièce d’un ensemble commercial inséré dans une vaste zone d’aménagement concerté. L’objectif est d’urbaniser des terrains situés entre les communes de Caen, Ifs et Fleury-sur-Orne. Mais dès 2014, certains élus et commerçants s’opposent à ce projet, aujourd’hui toujours bloqué pour des raisons juridiques, économiques et politiques. Comment un projet présenté comme une opportunité unique de développement pour l’agglomération est-il devenu si controversé et conflictuel ?
En 2002, après environ deux ans de travaux d’aménagement, un tramway est inauguré pour moderniser Caen et résoudre les difficultés à se déplacer. Contesté au départ, il est basé sur une innovation technologique : contrairement à un tramway fer classique, il comprend des pneus et un seul rail de guidage. Dès sa mise en service, et pendant des années, les pannes, suspensions de service et retards sont très fréquents. En 2011, le constat d’un échec industriel est acté. Il faut attendre 2019 pour qu’un deuxième tramway, ayant occasionné de nouveaux travaux d’aménagement pendant un an, offre enfin aux habitants un moyen de transport fiable.
Dès les années 1990, l’image d’Hérouville-Saint-Clair est dégradée du fait d’indicateurs de précarité et de délinquance en progression dans certains quartiers. La ville est stigmatisée dans son ensemble. De plus, sans centralité, elle est souvent assimilée à une ville dortoir. Ses équipements culturels phares (le centre dramatique national de Normandie, la bibliothèque, le Café des Images - cinéma d’art et d’essai) implantés en cœur de ville apparaissent déconnectés de la population des quartiers denses et populaires. Le modèle des quartiers fermés sur eux-mêmes (la Citadelle Douce au centre, les centres commerciaux de proximité de chaque quartier) n’est plus adapté aux usages et besoins des habitants. Ce constat est l’amorce d’une réflexion qui débouche sur un grand projet de ville puis un programme de rénovation urbaine.