Cette recherche s’appuie sur une enquête quantitative menée auprès de 1 300 habitants de la ville de Nantes pour sonder les manières dont ces citadins ont vécu les fortes chaleurs (canicules et vagues de chaleur) de l’été 2022. La construction de l’enquête a reposé sur les principes suivants : méthode des quotas, élaboration d’hypothèses avec la mobilisation de résultats d’enquêtes qualitatives menées en amont sur d’autres terrains de recherche, important nombre de variables sondées, couplage de différentes méthodes d’analyse des résultats. L’échantillon de la population est représentatif de la diversité socio-spatiale de la population urbaine de référence. Les résultats sont présentés au travers de plusieurs entrées problématiques permettant d’interroger d’une manière transversale les inégalités socio-spatiales : 1/ l’analyse de la diversité des profils et des facteurs prédisposants (couplant profils des enquêtés, caractéristiques du ménage et du logement) pour dresser un premier état des vulnérabilités climatiques des habitants, 2/ les vécus des fortes chaleurs et impacts sur la santé des habitants, 3/ les stratégies adaptatives mises en œuvre par les habitants pour faire face à la chaleur, 4/ les espaces refuges que les habitants utilisent de manière différenciée pour chercher à préserver leur confort et leur santé, 5/ un point focal sur les vécus des fortes chaleurs et perceptions du quartier. Pour chaque entrée, une première analyse statistique mobilise plusieurs traitements : tris à plats, tris croisés, analyse multifactorielle, représentation synthétique des relations entre les variables. Afin de décrypter la complexité des inégalités socio-spatiales mises en lumière par ces traitements statistiques, une analyse transdisciplinaire combine ensuite la géographie sociale (facteurs explicatifs liés aux modes d’habiter), une ouverture sur la thermophysiologie (facteurs explicatifs liés aux caractéristiques corporelles et échanges calorifiques), sur la psychologie et les sciences de la santé. Ainsi, est mis en exergue la pluralité de facteurs explicatifs à même d’expliquer les différences d’expositions, de sensibilités, de capacités d’adaptation des habitants, d’impacts sur la santé physique et mentale, mais aussi des stratégies adaptatives et des recours aux espaces refuges observées. Ce travail apporte une contribution à la recherche fondamentale en enrichissant les méthodologies de recherche et les connaissances sur les relations entre populations et changements climatiques en ville. Il met en lumière la complexité des inégalités des vulnérabilités habitantes, des vécus climatiques, des impacts sur la santé, des dynamiques adaptatives et de leurs limites. Enfin, d’un point de vue plus appliqué, l’appropriation de ces résultats par les acteurs opérationnels représente un enjeu fort pour construire des solutions et politiques « sur mesure » de lutte contre le changement climatique, de prévention des risques, d’adaptation et d’aménagement de l’espace urbain et de l’habitat. L’enjeu est de pouvoir ainsi mieux prendre en compte les besoins différenciés et les inégalités d’expositions, de sensibilités, de vécus et des impacts sur la santé des individus et groupes sociaux. Enfin, ces résultats conduisent à transmettre clairement aux élus, techniciens des collectivités territoriales, professionnels de l’urbanisme et de l’aménagement mais aussi aux citoyens une alerte sur la question des limites des résiliences, de la majoration des risques, et des effets d’emballement ou des effets exponentiels associés au dépassement des seuils de tolérance des individus et groupes sociaux.

This research is based on a quantitative survey conducted among 1,300 inhabitants of the city of Nantes, in the West of France, to determine the ways in which these city dwellers experienced the heat waves of summer 2022. The construction of the survey was based on the following principles: quota method, development of hypotheses using the results of qualitative surveys conducted upstream on other research fields, large number of variables surveyed, coupling of different methods of analysis of results. The population sample is representative of the socio-spatial diversity of the reference urban population. The results are presented through several problematic entries making it possible to question socio-spatial inequalities in a transversal way: 1/ the analysis of the diversity of profiles and predisposing factors (coupling profiles of respondents, characteristics of the household and the housing) to draw up an initial inventory of the climate vulnerabilities of the inhabitants, 2/ the experiences of high heat and impacts on the inhabitants health, 3/ the adaptive strategies they implemented to cope with the heat, 4/ the refuges spaces they use in a differentiated way to seek to preserve their comfort and their health, 5/ a focal point on the experiences of high heat and perceptions of the district. For each entry, a first statistical analysis mobilizes several treatments: flat sorting, cross sorting, multifactorial analysis, synthetic representation of the relationships between the variables. In order to decipher the complexity of the socio-spatial inequalities brought to light by these statistical treatments, a transdisciplinary analysis then combines social geography (explanatory factors linked to modes of living), an opening on thermophysiology (explanatory factors linked to body and heat exchange), psychology and health sciences. Thus, is highlighted the plurality of explanatory factors capable of explaining the differences in exposure, sensitivities, adaptation capacities of the inhabitants, impacts on physical and mental health, but also adaptive strategies and recourse to observed refuge spaces. This work contributes to fundamental research by enriching research methodologies and knowledge on the relationship between populations and climate change in cities. It highlights the complexity of the inequalities of inhabitant vulnerabilities, climatic experiences, impacts on health, adaptive dynamics and their limits. Finally, from a more applied point of view, the appropriation of these results by the operational actors represents a major challenge for building "tailor-made" solutions and policies for the fight against climate change, risk prevention, adaptation and development of urban space and housing. The challenge is to be able to better consider the differentiated needs and inequalities of exposure, sensitivities, experiences and impacts on the health of individuals and social groups. Finally, these results lead to clearly transmitting to elected officials, technicians from local authorities, professionals in urban planning and development, but also to citizens, an alert on the question of the limits of resilience, the increase in risks, and the effects of runaway or exponential effects associated with exceeding the tolerance thresholds of individuals and social groups.