Anne Atlan

Mes thèmes de recherche ont progressivement évolués, d'une approche biologique centrée sur la génétique des populations et l'écologie évolutive, vers une approche interdisciplinaire de la biodiversité qui intègre les sciences humaines, principalement la sociologie de l'environnement, mais aussi l'éthique environnementale et la géographie sociale.

Mes programmes de recherche actuels s'appuient sur la problématique des invasions biologiques pour explorer la pluralité des relations à la nature, les circonstances qui favorisent la prise en compte de cette pluralité, et leurs conséquences dans la négociation et l'opérationnalité des dispositifs de gestion. Au-delà, il interroge les valeurs qui sous-tendent les choix et les priorités données à la conservation de la nature.

L’espèce invasive qui a servi de modèle est l'ajonc Ulex europaeus, originaire d’Europe et introduit dans de très nombreuses régions du monde. Les travaux interdisciplinaires effectués ont concerné d'une part les évolutions biologiques entre les zones d'origine et introduites, et d'autre part le rôle de la transmission des savoirs et du contexte socio-économique dans l'expansion géographique d'une espèce exotique. La comparaison entre la Bretagne et La Réunion a notamment permis d'analyser la manière dont les facteurs naturels et sociaux s'articulent pour qu'une espèce introduite acquière le statut d'espèce invasive

Les programmes qui en sont issus dépassent le cadre des invasions biologiques pour intégrer de manière plus globale les espèces ambivalente (celles qui sont perçues positivement ou négativement suivant les individus et les situations), la pluralité des valeurs accordées de la nature en fonction des individus et des groupes sociaux, et la notion de patrimoine naturel.

• Analyse de risques et gestion de l’invasion biologiques par l'ajonc (ANR MARIS 2015-2019), Terrains : Bretagne, La Réunion, Canaries, Nouvelle-Zélande.
• Controverses liées aux espèces ambivalentes, à travers la valorisation économique de la crépidule (programme CREVALOR, soutien FRB, 2019), l'éradication des chats harets dans les espaces protégés, (programme FELICS, en cours), la gestion des oiseaux marins ravageurs de culture (programme SOFIANE, financement Fondation de France, 2018-2022), la protection des chauve-souris dans un contexte de zoonose (programme TICOV, financement ANSES en cours). Terrains : Bretagne, Réunion, Méditerrannée.
• Patrimoine naturel et valeurs de la nature – programmes PATRIVAL et SUBANTECO. Cet axe interroge la notion de patrimoine naturel, et la manière dont elle s’articule avec les dynamiques socio-écologiques d’un territoire.  Les terrains choisis sont l’île de La Réunion et l’île de Kerguelen, tous deux récemment classés au Patrimoine Naturel Mondial de l’UNESCO. Financement par la Maison des Sciences de l’Homme en Bretagne pour la partie Réunion, et par l’IPEV, Institut Polaire Français, pour la partie Kerguelen.
• Renouveler les relations humains/nature sur le littoral, programmes ECOFABRIQUE DU LITTORAL et SOFIANE (soutien Fondation de France). Le projet Ecofabrique du littoral, financé pour 2020-2022 par la Fondation de France en partenariat avec le Conservatoire du Littoral comprend une approche multidisciplinaire des enjeux d’une conservation du littoral qui respecte également les humains. Le projet SOFIANE, également fiancé par la Fondation de France, porte sur les îles du Ponant et vise à SOutenir et Faciliter dans les Îles de la façade Atlantique, une Agriculture Nourricière et à Externalités positives. Ce sont deux projets de Recherche Action Participative qui allient acteurs académiques et hors du monde académique.