Déprédation des cultures par la faune sauvage : comment articuler préservation de la biodiversité et évolution de l’agriculture ?
Aliénor Miscopein, Victor Giguet-Chevalier, Mary-Anne Bassoleil, Claire Ruault, Anne Atlan. Déprédation des cultures par la faune sauvage : comment articuler préservation de la biodiversité et évolution de l’agriculture ?. Norois. Environnement, aménagement, société, 2024, 272, pp.63-83. ⟨10.4000/12tdh⟩. ⟨hal-04827175⟩
L’évolution de l’agriculture depuis l’après-guerre a conduit à une spécialisation des exploitations et une simplification des assolements aujourd’hui remises en cause pour les externalités négatives qui leur sont associées. Diverses initiatives sur l’ensemble du territoire français encouragent la construction d’un tissu agricole diversifié plus adapté aux enjeux sociétaux et environnementaux contemporains. C’est le cas de Belle-Île-en-Mer, territoire insulaire sur lequel plusieurs initiatives locales ont été engagées depuis le début des années 2000 dans le but de maintenir et développer le tissu agricole, améliorer l’autonomie alimentaire et conserver les caractéristiques paysagères (paysage ouvert) faisant la renommée de l’île. Les tentatives de diversification de la production agricole et d’augmentation de l’autonomie des exploitations se heurtent cependant à la déprédation exercée sur les cultures par différentes espèces animales pouvant être regroupées sous le terme générique de « petite faune sauvage ». Cet article présente les résultats de travaux conduits en 2021 visant à mieux comprendre la problématique rencontrée par les agriculteurs et identifier des pistes de solutions. Ils ont permis d’identifier les espèces déprédatrices et les dégâts occasionnés, de mettre en évidence des pertes sur céréales de plein champ à hauteur de 30 % des semis cette année-là ainsi qu’un effet favorable de la présence de zones enfrichées à proximité des cultures sur la déprédation. L’analyse des entretiens menés avec l’ensemble des parties prenantes impliquées dans cette situation a permis d’analyser les dispositifs règlementaires et les jeux d’acteurs entourant la problématique.
The evolution of agriculture since the post-war period has led to a specialization of farms and a simplification of crop rotations, which are now questioned for their negative externalities. Various initiatives throughout France promote the reconstruction of diversified agricultural activities, more suited to contemporary societal and environmental issues. As example, Belle-Île-en-Mer, an island territory engaged since 2018 in a territorial approach around the issues of preserving a living agricultural fabric, reducing the island’s food dependence and maintaining a characteristic open landscape. Attempts to diversify agricultural production and increase the autonomy of farms, however, come up against the predation exerted on crops by different animal species that can be grouped under the generic term of “small wildlife”. This article presents the results of experimentations carried out in 2021 in order to precisely identify predatory species and assess the damage caused. They highlight losses on open-field crops amounting to 30% of sowings that year, as well as a favourable effect of the presence of fallow land near the crops on predation. The analysis of the interviews conducted with all the stakeholders involved in this situation also shows that only concerted action will lead to the implementation of satisfactory measures for all.