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Violences du tourisme et dynamiques du conflit, une approche par les communautés
La revue Études Caribéennes a publié, pour le second trimestre 2024, un numéro coordonné par Jaime Aragon Falomir, Olivier Dehoorne et Raúl Román Romero, et consacré à l’entrelacement complexe du tourisme, des violences multidimensionnelles et de la sécurité dans les aires latino-américaines et caribéennes. La thématique de la violence, dont la difficulté de conceptualisation comme catégorie opératoire (Naepels, 2006) trouve ici une issue dans l’application aux contextes touristiques, constitue le fil directeur de ce numéro, avec un dossier-cœur de huit articles ancrés dans la région mésoaméricaine (Guatemala, Costa Rica, Mexique, Panama) et dans des espaces insulaires usuellement peu explorés (territoire colombien ultramarin de San Andrés, Trinité-et-Tobago), et un dossier annexe de trois articles. Dans la lignée des jalons posés par Philippe Bourgois pour déterminer un spectre de manifestation des violences dans les Amériques en « temps de guerre » et « de paix » (Bourgois, 2002; Bourgois & Hewlett, 2012), les auteurs posent l’idée d’une violence qui imprègne autant les versants les plus idéels et symboliques que les aspects matériels de l’espace social ; de la pauvreté comme « auto-représentation comme une anomalie sociale » à la ségrégation spatiale et la disparité entre des « zones pacifiées » et des territoires délaissés (pp.2-3). Cette entrée par les violences participe par ailleurs de la dynamique scientifique actuelle des travaux sur le tourisme, qui tente notamment de répondre à l’inflation médiatique autour des concepts de sur-tourisme et de gentrification touristique par une définition du sentiment de mal-être collectif associé à la perte de droits et de garanties à l’habiter digne (Cañada et al., 2024).