En s’appuyant sur la production de l’espace d’Henri Lefebvre (1974) et sur le concept d’expérience, nous avons relié les mondes subjectif et objectif, rendant possible l’exploration des conditions spatiales de possibilités de formation de sujets collectifs. Ainsi, étudier la dimension territoriale des expériences signifie entreprendre la spatialisation des relations de pouvoir existantes entre étudiants et institutions universitaires, dans lesquelles s’entremêlent des rapports de domination et/ou de conflit et/ou d’émancipation.La recherche a été menée sur deux terrains choisis pour leurs caractéristiques qui supposent des expériences radicalement opposées. L'UTCGG est une petite université qui forme des étudiants d’origines indigènes et paysannes, et dont l'objectif est d’impulser le développement économique d'une région rurale économiquement défavorisée. Quant aux étudiants de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’UNAM, ils suivent des formations en sciences humaines dans l'une des institutions les plus prestigieuses d'Amérique latine. Située dans la mégalopole mexicaine, cette faculté a connu et continue d’être le théâtre et l'épicentre d'un fort activisme étudiant.Nous avons mis au jour deux séries d'expériences territoriales caractérisées par des relations spécifiques entre les origines sociales des étudiants, les contenus idéologiques des formations universitaires, et des apprentissages différenciés de l'espace. Les principaux résultats permettent d'établir que les processus de subjectivation politique sont spatialement lisibles et de commencer à caractériser territorialement la subalternité, l’antagonisme et l’autonomie.