Cette communication est un retour d’expériences d’une recherche-action croisant depuis trois ans sciences sociales et processus de conception sur le territoire. Ainsi en phase diagnostic, esquisse ou avant-projet, sont mis en place des approfondissements thématiques (bibliographiques ou par analyses comparées de projets), pour élaborer : un regard complémentaire sur les éléments de réponses proposés aux maitres d’ouvrage ; un bilan réflexif sur le travail remis et son élaboration. Nous traiterons plus particulièrement le premier volet, en questionnant la place du travail de recherche et sa traduction spatiale, en vue de la production des livrables. Seront analysées les méthodes conduites sur deux récents projets : le site classé de la Roche de Mûrs (49), et le terrain de jeux de Guécélard (72). Considérant, dans la lignée de philosophes et d’historiens (Corbin, 1988 ; Foucault, 1975 ; Pastoureau, 1989), que les formes sont le produit d’une construction sociale, notre démarche vise à mettre au débat les représentations qui sous-tendent les réponses attendues (Romain, 2010), en les situant dans une perspective historique et culturelle. Pour la Roche de Mûrs (concilier protection des milieux et usages sur un promontoire de 20 ha), le patrimoine était pris comme une donnée stable, aux enjeux prédéfinis. Identifier les écueils des politiques de patrimonialisation via un travail de bibliographie en géographie sociale, sociologie, et histoire, a encouragé un travail de qualification de ce patrimoine, sortant d’une forme de prêt-à-poser, et intégrant les problématiques de fonctionnalités du site. Pour Guécélard (zone humide d’1,5 ha), les structures de jeux présélectionnées par les élus révélaient un implicite éducatif, celui d’un faible degré d’autonomie proposé aux jeunes usagers du site. Comprendre le lien entre l’espace dessiné et le rôle social attribué à l’enfant a orienté la proposition vers un espace tirant davantage vers l’auto-invention, que vers une répétition formatée de gestes. Ainsi le travail de recherche contribue à construire spatialement et conceptuellement le projet, dans la mesure où il permet d’envisager plus largement le cadre de la commande, pour en reposer les termes. Pourtant, si ces apports théoriques viennent assez naturellement nourrir et compléter le travail de conception, l’insertion de cette démarche dans le jeu d’acteurs se cherche encore. Ainsi, nous poserons les limites de cette approche et explorerons des pistes d’évolution pour les projets à venir.