Entre 1970 et 2010, les deux tiers des exploitations agricoles françaises ont cessé leur activité, alors que, dans le même temps, la taille moyenne des structures a quadruplé. Ce processus d’agrandissement des exploitations agricoles s’inscrit pleinement dans la « modernisation » de l’agriculture française et européenne à l’œuvre depuis les années 1960. En Basse-Normandie, région fortement spécialisée dans l’élevage laitier et marquée par la prédominance des paysages de bocage, la transformation des structures agricoles bouleverse les modèles d’organisation spatiale des exploitations laitières et imprime sa marque dans les paysages. En partant du postulat selon lequel les structures paysagères peuvent être abordées comme le produit du fonctionnement des exploitations agricoles dans l’espace, ce projet de recherche s’attache à comprendre en quoi la restructuration de la mosaïque d’exploitations agricoles actuellement à l’œuvre induit une recomposition profonde et parfois rapide des espaces et des paysages ruraux Cette communication s’appuiera plus particulièrement sur la présentation d’un outil de suivi à haute fréquence des dynamiques paysagères en Basse-Normandie. A l’échelle régionale, l’exploitation des données du registre parcellaire graphique (RPG) a constitué une première étape pour identifier les transformations des usages agricoles du sol. A une échelle plus fine, un travail d’analyse spatiale réalisé sur quatre espaces laboratoires à partir du parcellaire agricole de 2003, 2007 et 2011 a permis de mettre en avant l’évolution des logiques d’organisation spatiale des paysages de bocage. Un travail complémentaire d’extraction des réseaux de haies à partir d’une approche de télédétection orientée-objet (actuellement en cours) pour 2005 et 2010 permettra de préciser l’évolution de ce patron paysager. Au final, les résultats mettent en avant la poursuite du processus de recomposition des paysages de bocage (agrandissement des parcelles agricoles, progression des labours et dégradation des linéaires boisés). Confrontés à une analyse des transformations agricoles, ces résultats suggèrent que l’évolution du maillage d’exploitations agricoles (agrandissement des structures, concentration et spécialisation de la production) constitue une variable structurante pour l’étude des dynamiques paysagères.