L’accentuation des évolutions hydroclimatiques et de leurs interdépendances avec le vivant et, plus spécifiquement, avec les systèmes sociaux questionnent aujourd’hui les règles de partage de l’eau. L’objectif de ce projet est d’élaborer des outils permettant le passage d’un mode de gestion d’une ressource en eau conçue comme abondante à une gestion sous contraintes par les évolutions hydroclimatiques et ses conséquences pour les systèmes sociaux et le vivant. Ces outils ont été expérimentés lors d’un précédent projet, Rivières 2070, financé par la MITI (CNRS) rassemblant une entreprise de l’ESS, un bureau d’études et des chercheur·es en hydrogéologie et en sciences sociales. Leur formalisation s'appuie sur des démarches participatives rassemblant des citoyen·nes, des élu·es, des responsables administratifs, des acteurs socioéconomiques et des gestionnaires de l’eau au cours d’ateliers collectifs.

La méthode qui a été élaborée consiste, lors d’un premier atelier, à partager les connaissances sur la complexité du fonctionnement des hydrosystèmes sous forçage climatique (grâce à une fresque co-construite). Dans un deuxième temps, il est demandé aux participants de définir des scénarios souhaitables, à l’horizon 2070, d'évolution de l’agriculture, de l’urbanisation, de l'occupation du sol et de la dynamique démographique. Ces scénarios sont ensuite modélisés, selon les contraintes du bassin versant et du climat, puis restitués aux participants sous forme de paysages en réalité augmentée lors d’un dernier atelier. La visualisation de ces paysages sert de support à des discussions visant à trouver des accords autour des paysages souhaités et, partant, sur des principes de partage de l’eau, compte tenu des multiples liens et contraintes mis à jour lors du premier atelier.
L’ensemble de cette méthode a été expérimentée dans 2 bassins versants bretons. Pour la stabiliser, ce projet vise, d’une part, à la dupliquer dans 3 bassins versants ayant des conditions socioéconomiques et hydrogéologiques différentes, d’autre part à approfondir l’analyse de la dimension paysagère et de la négociation au cours des ateliers pour améliorer les outils.