Bien que l’accès à l’eau potable soit un droit humain fondamental, les populations les plus défavorisées sont contraintes de s’adapter à de multiples pressions socio-économiques et environnementales : arbitrages dans l’allocation de la ressource, équipements disparates, monétarisation du service, dégradation des milieux aquatiques, impacts du changement climatique global. Cet article donne une lecture des problématiques persistantes d’accès à l’eau en mobilisant la notion d’inégalité environnementale, qui met en relation les conditions sociales des populations avec la qualité de leur cadre de vie et de l’accès aux services vitaux. L’histoire des services d’eau dans la région de Saint-Louis du Sénégal est particulièrement illustrative de la persistance des inégalités d’accès à l’eau saine et d’exposition aux risques environnementaux de pénurie et d’eutrophisation, au détriment des populations autochtones pendant la période coloniale, et des populations rurales aujourd’hui. Malgré les ressources hydrauliques exceptionnelles de cette région, les progrès de la desserte sont partiels et contrebalancés par le coût dissuasif de l’eau du réseau et par des dysfonctionnements organisationnels que la réforme des modes de gestion ne résout pas le problème.