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La Petite Côte sénégalaise, la transition d’un espace touristique entre résilience et résistances.
David Lessault. La Petite Côte sénégalaise, la transition d’un espace touristique entre résilience et résistances.. Tourismes en transition, Astres, Nov 2023, Papeete (Tahiti), France. ⟨hal-04304143⟩
Au Sénégal, les espaces touristiques littoraux ont récemment été affectés par une succession d’aléas de nature environnementale (érosion littorale), sanitaire (COVID 19) et socio-économiques (crise de la pêche et du tourisme international, creusement des inégalités sociales). Dans ce contexte de crise protéiforme (Diombera, 2021), la Petite Côte sénégalaise, région située au sud de la capitale, affiche pourtant un certain dynamisme qu’elle puise dans les effets de la métropolisation dakaroise et dans les ressources d’une économie présentielle en plein essor. L'économie « présentielle » (Davezies, 2009) est ici abordée comme l’économie de proximité basée sur la production de biens et de services pour les personnes présentes dans un territoire donné, qu’elles soient résidentes ou non, ce qui inclut les populations temporaires comme les touristes. Cette communication propose d’analyser les termes et les enjeux de la transition de cet espace touristique emblématique du Sénégal. Elle s’appuie sur une série d’enquêtes et d’observations menées au Sénégal, dans le cadre du projet CIRCUS , entre février 2022 et Mars 2023 plus particulièrement dans la station balnéaire de Saly et de ses extensions récentes puis, dans les villages côtiers situés au sud de la Petite Côte jusqu’à Palmarin. Le propos entend d’abord expliquer comment le modèle classique de la station balnéaire promu par l’Etat sénégalais dans les années 1980 s’est progressivement essoufflé et comment l’intervention de nouveaux acteurs privés (Quashie, 2016), souvent venus de l’extérieur (de l’étranger ou de la capitale), a contribué à la fabrique d’une ville au caractère cosmopolite (Lessault et al, 2023). Dans le cadre de cette transition, le tourisme n’a pas disparu mais ses formes et pratiques ont considérablement évolué tout en modifiant les paysages et en diversifiant les activités locales. La suite de la communication est consacrée à l’examen des fondements et des manifestations de ce « tourisme résilient ». Les capacités d’adaptation des acteurs économiques du secteur et des populations locales ont en effet été mises à rude épreuve depuis une vingtaine d’année. Dans le cadre d’une lecture géographique ou socio-spatiale, la résilience désigne la capacité d’un système à assimiler, voire à tirer profit, de perturbations extérieures (Cyrulnik, 2013). Dans le cas de Saly, il s'agit d’analyser les capacités d'adaptation de la société locale telles qu'elles permettent au système socio-spatial de continuer à fonctionner dans la période de transition accélérée par les bifurcations économique, sanitaire et environnementale récentes. A côté de ces multiples adaptations, la transformation du tourisme balnéaire international a également fait éclore de nouvelles formes de résistance que l’on observe en particulier dans les interstices spatiaux de la ville en construction. Elles révèlent un ensemble de « luttes sociales » locales qui œuvrent de manière plus ou moins organisées pour « garder une place » dans un espace touristique dont les populations locales se sentent de plus en plus dépossédées face aux influences extérieures et étrangères qui s’approprient les lieux stratégiques du territoire (plages, routes, espaces végétalisés etc.). L’analyse s’appuiera sur la valeur démonstrative d’une série de situations locales observées : dans le cœur historique de station à l’abandon, dans le cadre de la structuration en Groupement d’Intérêt Economique (GIE) des « taxis clandos », dans les stratégies de spéculations des terres agricoles par les villageois, dans le cadre de l’installation illégale de paillottes sur la plage. L’évolution du tourisme à Saly repose actuellement sur une dynamique rapide de changement mobilisant les acquis historiques et les ressources locales et transgressant les crises récentes (résilience) ; celle-ci est impulsée par de nouveaux acteurs venant souvent de l’extérieur. Mais elle s’appuie également sur de nouvelles conquêtes sociales (résistances), plus lentes et plus discrètes, menées par les populations locales qui résistent en tentant de garder un certain contrôle de l’espace. Afin de sortir de l’étude du cas de Saly et du modèle de la station balnéaire, la communication ouvrira la discussion sur les nouvelles formes de développement touristique qui essaiment le long du littoral vers le sud de la Petite Côte. Souvent conçus sur le modèle de « l’écolodge », ces nouveaux établissements opèrent en système fermé et autocentré, ce qui pose en d’autres termes les rapports du tourisme à l’espace et aux sociétés locales.