La thèse porte sur les espaces du travail populaire au sein des mondes urbains centraux, saisis à partir de l’étude de certaines fractions des groupes socio-professionnels occupant des emplois ouvriers ou employés situés au centre des agglomérations urbaines. Elle interroge la dimension spatiale, d’une part, de l’organisation des groupes populaires travaillant au sein des espaces centraux et, d’autre part, des divisions sociales, genrés et racialisées propres à ces groupes.
Il s’agit tout d’abord de documenter l’évolution des emplois et du travail des classes populaires au sein des centres-villes. Les emplois populaires étudiés sont les vendeuses en magasins et les livreurs de courses et de repas, auxquels peut s’ajouter une troisième population d’étude. L’analyse porte sur les ressorts sociogéographiques de la visibilité et de l’invisibilité de ces groupes, en lien avec l’organisation du travail, l’appropriation d’espaces publics et privés, la constitution de collectifs et les éventuelles formes de résistance. La thèse vise également à documenter leurs interactions avec d’autres groupes sociaux, populaires et non-populaires.
La méthodologie développée est principalement qualitative et repose sur des enquêtes ethnographiques par entretiens semi-directifs, la réalisation de parcours commentés avec ces travailleurs‧euses et de l’observation. Les gestionnaires publics et privés des espaces centraux et les responsables des politiques urbaines sont également enquêté‧e‧s. Un travail quantitatif et cartographique complète l’approche qualitative. Enfin, afin de disséquer les modalités de production et d’appropriation des espaces populaires au sein des espaces urbains les plus valorisés financièrement et symboliquement, une perspective comparative entre le centre-ville de Nantes et un cas urbain nord-américain est envisagée.