Vers une meilleure compréhension de la dynamique de transmission de M. ulcerans au Bénin : l’apport de la génomique comparative et des sciences humaines et sociales
Alexandra Boccarossa, Matthieu Eveillard, Harvey Spero Johnson, Sébastien Fleuret, Estelle Marion. Vers une meilleure compréhension de la dynamique de transmission de M. ulcerans au Bénin : l’apport de la génomique comparative et des sciences humaines et sociales. 18ème Congrès National de la Société Française de Microbiologie, Oct 2023, Rennes, France. ⟨inserm-05065637⟩
L’ulcère de Buruli ou infection à Mycobacterium ulcerans est une maladie tropicale négligée entraînant des lésions cutanées nécrosantes. Les zones rurales en Afrique de l’ouest et centrale sont les plus affectées. Dans ces régions endémiques, le contact direct avec des eaux libres de surface stagnantes a été identifié comme étant à risque de transmission. Ces milieux sont des réservoirs potentiels pour les punaises aquatiques, fortement soupçonnées de jouer le rôle d’hôtes et de vecteur de la bactérie. Malgré les efforts continus pour lutter contre cette maladie, l’identification précise des lieux de contamination et des mécanismes de la transmission restent insaisissables, soulignant la nécessité de développer de nouvelles approches pour améliorer la prévention. Dans cette perspective, notre consortium franco-béninois a développé une méthode mixte de recherche (1) combinant une étude prospective cas-témoins avec des analyses spatiales, environnementales et microbiologiques (les enquêtes de santé géographiques). La zone d’étude est la région endémique du Ouémé-Plateau située au sud du Bénin où une cinquantaine de cas sont recensés en moyenne chaque année. A cette échelle locale, l’analyse génomique de 179 souches de M. ulcerans isolés de patients a permis d’identifier 8 génotypes distincts dont la distribution géographique n’est pas répartie au hasard (2). En outre, cette étude a permis de mettre en évidence une zone d’intérêt, au sud Ouémé, où l’on retrouve un regroupement spatiale de deux génotypes spécifiques. Dans cette zone bien délimitée (15 km²), nous avons décidé d’y appliquer, pour la première fois, la méthode des enquêtes de santé géographiques auprès d’anciens patients pour lesquels nous disposions des souches séquencées. Dans cette communication, nous montrerons la capacité de nos outils et méthodes à mettre en évidence des sources communes d’infection et acquérir une meilleure compréhension du ou des réservoirs écologiques de M. ulcerans.