Portrait des participant·e·s âgé·e·s de plus de 60 ans selon leur statut sérologique au VIH
Alain Al Léobon, Eugénie Samson-Daoust. Portrait des participant·e·s âgé·e·s de plus de 60 ans selon leur statut sérologique au VIH. 2022. ⟨halshs-03929482⟩
Parmi les répondant·e·s au NGB2018 français, nous cherchons à identifier les différences statistiquement significatives entre des personnes de 60 ans et plus vivant avec le VIH (sénior·e·s PVVIH) et des sénior·e·s séronégatif·ve·s au VIH au moment de leur complétion de l’étude. Ces résultats préliminaires se basent sur des Chi2 et des analyses de variance. Sociodémographie, partenaires et sexualité Par rapport aux sénior·e·s séronégatif·ve·s, les sénior·e·s PVVIH rapportent une orientation majoritairement homosexuelle (92,6% vs. 66,6%), un plus grand sentiment d’appartenance à la communauté LGBTQI (52,8% vs. 38,9%), plus de partenaires occasionnels masculins dans les 12 derniers mois (en moyenne 26 vs. 13), moins de partenaires occasionnelles féminines (en moyenne moins d’une vs. 3), plus d'activité sur les applications de rencontre (49,4% vs. 33,7%), au moins une pratique sexuelle marginale parfois à toujours (89,6% vs. 67,1%), plus de pénétrations anales non protégées (PANP) parfois à toujours avec leurs partenaires occasionnels masculins (75,0% vs. 32,6%), ainsi qu’une plus forte adhésion à la culture de sexe bareback (84,6% vs. 67,7%). Ils rapportent 100% de séroconvergence avec leurs partenaires occasionnels masculins et ont toustes pratiquement une charge virale indétectable (97,2%), alors que leurs partenaires de couple sont, eux aussi, plus souvent séropositifs (40,3% vs. 9,0%). Consommation de substances. Les sénior·e·s PVVIH rapportent plus souvent la consommation de substances psychoactives que les sénior·e·s séronégatif·ve·s dans les 12 derniers mois (29,5% vs. 11,3%), plus de polyconsommation de substances (47,2% vs. 28,0%) dont, particulièrement, au moins une fois le poppers (86,8% vs. 63,1%), les cathinones (37,7% vs. 9,7%), le crystal meth (17,0% vs. 3,9%) et le GHB/GBL (34,0% vs. 14,6%), et, conséquemment, il·elle·s pratiquent plus souvent le chemsex (18,8% vs. 3,7%) et, dans ce cadre, l'injection de ces substances (4,5% vs. 0,6%). Santé sexuelle. Sur le plan de leur santé sexuelle, il·elle·s déclarent plus souvent avoir contracté une hépatite C (24,2% vs. 9,6% parmi les testé·e·s) et des IST (42,0% vs. 20,6% au moins une), ayant une meilleure connaissance (en moyenne 7 vs. 6), mais une moins grande application des stratégies de réduction des risques VIH (fréquence moyenne de 6 vs. 7,5). Santé mentale et discrimination. Sous l'angle psychosocial, il·elle·s déclarent plus souvent avoir un sentiment de solitude (35,4% vs. 25,6%), plus de recherche de sensations fortes (58,9%) et de prise de risques dans la vie en général (39,4% vs. 30,3%) et plus d'importance accordée à la sexualité (60,3% vs. 48,6% la disent indispensable). Au regard des discriminations ressenties, il·elle·s rapportent plus souvent avoir ressenti de la sérophobie dans les 12 derniers mois (22,9% vs. 1,1%), et moins de discrimination par rapport à un surpoids (12,0% vs. 20,4%). Préoccupations en santé. Leurs préoccupations en santé concernent notamment : le VIH (17,7% vs. 2,3%) et les IST (21,7% vs. 13,1%). Il·elle·s présentent plus de préoccupations par rapport à l’anxiété (19,4% vs. 12,6%), la dépression (17,7% vs. 9,4%), la solitude (24,6% vs. 16,0%). Leurs préoccupations concernent plus souvent leur image corporelle (24,0% vs. 17,3%), leur consommation de drogue (4,0% vs. 0,4%), mais il·elle·s sont moins souvent préoccupé·e·s par l'acceptation de l'orientation sexuelle (1,1% vs. 6,8%). Discussion – limites Ces résultats contrastent sur un certain nombre de variables que nous avons dégagées dans d’autres analyses et qui semblent communes aux PVVIH, tout âge confondu. Nous devrons donc appliquer un modèle de régression multivariée par la suite, ou bien effectuer une autre analyse contrastant, entre eux, les répondant·e·s PVVIH à savoir les sénior·e·s aux plus jeunes.