Dans un cadre mondialisé, les métropoles sont confrontées à l’enjeu de construire des récits pluriels pour inventer et projeter une identité narrative par des événements et des actions qui les « produisent en continu » (Pagès 2010, p.10). Il est possible de reprendre cette grille de lecture pour interpréter la démarche de la ville de Rennes, qui s’est positionnée très tôt sur le slogan de « vivre en intelligence » depuis les années 1990. Au-delà de la seule communication institutionnelle locale, il faut comprendre cette expression comme relevant d’un référentiel d’action publique (Muller 2019), entendu comme une représentation de la réalité favorable à la construction métropolitaine et se traduisant par l’idée de « faire ensemble » (au travers de la coopération territoriale et de la participation des habitants). Nous retrouvons les prémisses de cette idée du « faire ensemble » dès 1984, avec la fondation d’un comité de bassin d’emploi (CODESPAR) qui est le signe d’une fabrique territoriale (Guy, 2007) prenant appui sur une gouvernance élargie aux acteurs économiques et sociaux. Depuis les années 2000-2010, l’apparition de phénomènes déstabilisants pour le territoire (métropolisation, concurrence territoriale) accélère une recherche d’identité et de positionnement par rapport à l’extérieur. Celle-ci va prendre la forme d’un soutien à l’innovation technologique et à l’économie de la connaissance (Houllier Guibert et al, 2017), à l’image des politiques portées par d’autres métropoles à la même époque. Nous interrogeons dès lors la manière dont l'identité territoriale oscille entre ville intelligente et ville créative, au détour de l'analyse des politiques mises en œuvre, sans réellement trancher.