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Les îles tropicales, lieux de l’extraordinaire ? Construction et maturation touristiques en Polynésie Française et à l’Ile Maurice
Hélène Pébarthe-Désiré. Les îles tropicales, lieux de l’extraordinaire ? Construction et maturation touristiques en Polynésie Française et à l’Ile Maurice. 2018. ⟨hal-01714702⟩
Lieux extraordinaires car puissamment évocateurs d’exotisme, nombre d’îles tropicales connaissent un réel succès touristique. Cet exotisme s’appuie sur la dimension mythique voire paradisiaque de l’insularité, l’éloignement, la tropicalité et l’altérité culturelle. Ces îles sont parvenues à faire de leur périphéricité, marquée par leur éloignement des centres émetteurs de touristes, leur discontinuité multiscalaire ou encore leur exiguïté pour beaucoup, une force. Leur caractère « extraordinaire » a été également profondément instrumentalisé et cultivé par les acteurs du tourisme. En mettant en avant, par les aménagements touristiques mêmes, le caractère exclusif des expériences vécues par les visiteurs, ces destinations se sont fait, avec plus ou moins de succès, une place dans les lieux de la mondialisation touristique contemporaine et renouvellent donc pour partie leurs stratégies pour l’accueil des visiteurs, et en particulier ceux émanant des pays émergents.
En plusieurs décennies d’internationalisation de leur tourisme, les territoires insulaires, notamment la Polynésie Française ou l’Ile Maurice, ont plus ou moins réussi à faire évoluer leur système touristique. Maurice offre un réel exemple de développement largement endogène et qui a réussi, confrontée à des contraintes spatiales locales et à des mutations sociales réelles, à se diversifier d’une part et à diffuser ses comptoirs hôteliers à d’autres îles tout d’abord de l’océan Indien, puis vers de grandes destinations. Certaines périphéries insulaires montent ainsi en centralité. A l’inverse, la Polynésie française, bien que mythique, reste une destination confidentielle. Une certaine défiance ou un désintérêt face au tourisme d’une partie de la population, le pari d’un tourisme exclusif et haut de gamme, l’inégale internationalisation des acteurs touristiques et un décalage entre discours politique et réalités de terrain expliquent la difficulté de la destination à se renouveler et à s’imposer à différentes échelles.