Les métropoles d’Amérique latine se caractérisent par de fortes inégalités socio-spatiales, des problèmes de congestion et s’étalent sur de grandes étendues. Les trajets quotidiens y sont difficiles pour une très grande partie de leurs habitants. Les déplacements notamment pour le travail et les études, qui renvoient à des mobilités non reportables et non délégables, représentent un défi quotidien particulièrement pour les habitants des zones excentrées. Les distances parcourues, la complexité des trajets, et leurs durées souvent très longues, sont parmi les principaux marqueurs de déplacements quotidiens harassants. La description et l’analyse de ces mobilités nécessitent une réflexion, tant sur les concepts utilisés que sur les méthodes employées pour collecter des données révélatrices de la diversité des pratiques de mobilité. Un tel travail a été entrepris à l’occasion du projet ANR Modural « Les pratiques de la mobilité durable dans les métropoles d’Amérique latine ». La communication présente le dispositif d’enquêtes par questionnaire du projet Modural mis en œuvre en 2022 auprès de 1600 ménages à Bogotá (Colombie) et à Lima (Pérou) dans quatre zones périphériques par ville, ainsi que les défis méthodologiques associés à son élaboration. Elle aborde le choix du niveau statistique retenu pour l’analyse, la distinction entre trajets et d’étapes, et les innovations apportées au questionnaire du projet. L’enquête a ainsi permis de saisir à la fois les mouvements dits pendulaires ayant des lieux d’origine et de destination fixes, fréquentés au quotidien et les mobilités qui s’éloignent du schéma pendulaire et qui sont associées à des profils de travailleurs mobiles, d’activités parfois informelles. L’inscription spatiale de ces mobilités non-pendulaires a été décrite selon un emboîtement d’échelles. Celles-ci sont définies sous forme de bassins de circulation qui vont du quartier à l’ensemble de l’aire métropolitaine.