Les modèles de la ville et des mobilités durables peinent à s'imposer dans les métropoles andines, qui sont pourtant hautement ségrégées, polluées et congestionnées. Dans ce contexte, la marche apparaît comme un mode de déplacement exemplaire : elle est à la portée de presque tous, gratuite, bonne pour la santé et pour l'environnement. Elle est d'ailleurs plébiscitée dans les enquêtes d'opinion, à Bogota comme à Lima.
Pourtant, la marche reste en marge des politiques d'aménagement et l'espace public y est particulièrement dangereux pour les piétons, comme le révèlent les statistiques sur l'accidentalité. D'autre part, les enquêtes de mobilité montrent une surreprésentation des populations vulnérables parmi les piétons : pauvres, enfants, personnes âgées ou en situation de handicap.
La thèse mettra en tension le désintérêt relatif des pouvoirs publics pour la marche et les difficultés des usagers pour la pratiquer dans l'espace public. Elle interrogera cinq entrées complémentaires : (1) les expériences de la marche et ce qu'elles révèlent des inégalités d'accès aux ressources de la ville ; (2) les piétons, leurs caractéristiques et les déterminants de leurs choix modaux ; (3) les environnements urbains et leurs niveaux de « marchabilité », très hétérogènes selon les quartiers ; (4) les politiques publiques en faveur de la marche et des espaces publics ; (5) les effets de la crise sanitaire de la covid-19, qui a considérablement affecté les conditions de déplacement dans les villes andines. L'étude sera centrée sur Bogotá mais elle comportera une ouverture comparative sur Lima.