-
Maxime Guinepain
« Auto-boulot-dodo » ? Hiérarchies sociales et mobilités quotidiennes des travailleurs⋅es français⋅es des aires métropolitaines périphériques
Quoi de plus banal et de plus commun, en apparence, que les heures passées dans les embouteillages, matin (parfois midi) et soir, pour se rendre au travail ? Si le problème public de l’encombrement, voire de la saturation du trafic est souvent mis sur le devant de la scène et concentre l’attention des acteurs publics en matière de politique de transport, la condition des travailleur⋅ses n’est pas pour autant homogène et connaît des clivages sociaux significatifs, remis sur le devant de la scène par les mobilisations des « Gilets jaunes » en 2018. Pourtant, le mode de vie qui articule ces trajets avec des emplois stables et une installation en logement pavillonnaire constitue bien un horizon normatif très partagé et que l’on peut identifier à un positionnement social (vécu, perçu ou espéré) de « classe moyenne ». Dans le cadre de ma thèse, je reviens sur la façon dont les hiérarchies sociales imprègnent les mobilités et les rythmes quotidiens de ces travailleur⋅ses qui se rejoignent chaque jour sur les mêmes lieux d’emploi, en particulier dans les zones d’activités des périphéries métropolitaines. Ces hiérarchies sont traitées à l’échelle des individus sur deux axes : la place dans le monde du travail et le genre. Pour cela, je m’appuie sur l’exploitation d’une base constituée de 72 enquêtes de type « Ménage-Déplacement » fournies par le Cerema (comprenant la description de 24h de déplacements horodatés en semaine). D’autre part, j’ai rencontré sur leur lieu de travail, dans le nord-est de l’agglomération nantaise (communes de Nantes, Sainte-Luce-sur-Loire et Carquefou), un ensemble de salarié⋅es et d’entrepreneur⋅es dont la parole est recueillie par différents moyens (formulaire en ligne, entretiens formels et informels). Cette présentation reviendra sur les premiers résultats se dégageant de l’étude. Il apparaît ainsi que c’est bien parmi les catégories sociales les plus favorisées que l’on a le plus tendance à parcourir de longues distances au cours de la journée, dans des conditions que l’on peut estimer meilleures ou qui sont plus valorisées. Ces mêmes catégories sont aussi celles qui passent le plus de temps sur leur lieu de travail, quand les femmes et les travailleur⋅ses de classe populaire en reviennent souvent plus tôt. L’approfondissement de ces analyses laisse à penser que malgré les similitudes et au-delà de la grande variété des situations individuelles, il existe bien une forme de distinction qui s’exprime à travers les rythmes et les mobilités quotidiennes et prolonge les hiérarchies sociales à l’articulation des sphères et des espaces du travail et du domicile.
Avec les mêmes mots-clefs
Accompagner les habitant·es dans leur mobilité quotidienne. Défis et opportunité...
Sociologie de la justice pénale
Revenus : la violence des inégalités...
La consommation d’énergie révélateur d’inégalités écologiques dans la région man...
Cyria Emelianoff
| Rennes
Mathieu Durand
| Le Mans
François Ory
| Le Mans