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Appropriation de l’espace à Sarlat et Dinan.
Annie Ouellet. Appropriation de l’espace à Sarlat et Dinan. : Prendre, défendre ou laisser sa place dans de petites villes touristiques et patrimoniales. Territoire en mouvement. Revue de Géographie et d'Aménagement, 2021, 48-49, ⟨10.4000/tem.7679⟩. ⟨halshs-04519859⟩
Cet article vise à appréhender la question de l’appropriation de l’espace au sein de petites villes touristiques et patrimoniales. L’arrivée, en saison estivale, d’individus venant habiter temporairement ces lieux (touristes, travailleurs saisonniers du tourisme, artistes de rue, etc.), conduit inévitablement à une situation de mise en concurrence plus ou moins accrue pour l’appropriation de l’espace. Notre propos s’appuie sur des enquêtes de terrain menées dans deux petites villes dont la mise en tourisme se fonde en partie sur la valorisation du patrimoine bâti : Dinan en Côtes-d’Armor et Sarlat en Dordogne. Des séances d’observation y ont été réalisées, de même qu’une série d’entretiens semi-directifs conduits auprès des habitants permanents et temporaires, mais également des acteurs impliqués dans la valorisation patrimoniale et touristique de ces villes. D’une part, l’article met en évidence les pratiques des touristes à Sarlat et Dinan et les manières dont ils s’approprient ces lieux, entre autres au prisme d’un « marquage présence » significatif. D’autre part, il dégage les différentes (ré)actions des autres habitants, que nous nommons ici les « non-touristes ». Ce faisant, il rend compte d’un partage de l’espace qui engage des formes d’appropriation variées, mais aussi de désappropriation et de contre-appropriation. Interroger les formes d’appropriation de l’espace renvoie inévitablement à la question de la place des habitants dans ces deux villes : la place que chacun souhaite prendre, celle que les autres individus acceptent de lui laisser, la négociation qui s’opère, autant que la manière dont cette place peut être défendue et légitimée par celui qui la revendique.
This article aims to address the issue of appropriation of space in small tourist-historic cities. The arrival, in the summer season, of individuals coming to live temporarily in these places (tourists, seasonal workers, street artists, etc.), leads inevitably to a situation of more or less increased competition for the appropriation of space. Our work relies on fieldwork conducted in two small cities where tourism is partly based on enhancement of built heritage: Dinan in Côtes-d'Armor and Sarlat in Dordogne. Observation sessions were carried out there, as well as semi-structured interviews conducted with permanent and temporary inhabitants, but also with actors involved in heritage enhancement and tourism development of these cities. On the one hand, the article highlights the practices of tourists in Sarlat and Dinan and the ways in which they own them, among other things through the prism of a significant “presence marking”. On the other hand, it points out the different (re)actions of other inhabitants, whom we call "non-tourists". In doing so, it reflects a sharing of space that engages various forms of appropriation, but also “disappropriation” and “counter-appropriation”. Questioning the forms of appropriation of space inevitably returns to the question of the place of inhabitants in these two cities: the place that each one wants to take, the one that other individuals agree to leave him, the negotiation that takes place, as well as the way in which this place can be defended and legitimized by the one who claims it.