- Eliezer Majambu Mudibu Moïse Tsayem Demaze
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Du développement propre à la déforestation évitée : géoscopie des relations Nord Sud pour atténuer le changement climatique
Moise Tsayem Demaze. Du développement propre à la déforestation évitée : géoscopie des relations Nord Sud pour atténuer le changement climatique. Géographie. Le Mans Université, 2012. ⟨tel-04458155⟩
La lutte internationale contre le changement climatique a généré de nouveaux concepts : développement propre, déforestation évitée. Ils désignent d’une part le Mécanisme pour un Développement Propre (MDP), et d’autre part la Réduction des Émissions de gaz à effet de serre [EGES] résultant de la déforestation et de la dégradation des forêts (REDD). En quoi ces concepts et ces mécanismes engendrent-ils des relations Nord-Sud pour atténuer le changement climatique ? Comment la géographie pourrait-elle contribuer à la construction des connaissances et à l’acquisition de savoirs sur la réalité de ces concepts et de leur mise en œuvre ? En utilisant une démarche « géoscopique » inspirée des sciences de la Terre, l’objectif général des recherches présentées dans ce volume de l’Habilitation à Diriger des Recherches est de « géographier » le MDP et la REDD, en prenant en compte plusieurs niveaux d’observation et d’analyse. Au niveau international, le déploiement des projets MDP et des programmes REDD des Nations unies et de la Banque Mondiale est cartographié pour mettre en perspective les relations Nord-Sud qui en découlent. Au-delà de l’explicitation globale du fonctionnement du MDP et de la REDD, des études de cas permettent de décrire et d’analyser leur implémentation dans quelques pays en développement (Madagascar, Brésil), ainsi que l’apport du MDP, en termes de crédits carbone, pour des pays développés (Royaume Uni, Pays Bas, France, Belgique). Le « géoscope » est alors posé sur quelques pays représentatifs pour explorer les relations bilatérales tissées pour le développement propre ou pour éviter la déforestation. Les cartes réalisées montrent par exemple que pour la REDD, la France déploie une coopération tous azimuts qui ne néglige pas son « pré-carré », alors que la Norvège déploie une coopération ciblée, en particulier sur le Brésil, dont l’importance de la forêt amazonienne représente un enjeu majeur en termes de réduction des EGES, et donc d’atténuation du changement climatique. L’approche géopolitique utilisée est complétée par une approche de sociologie politique, les entretiens semi dirigés permettant notamment d’analyser le rôle des acteurs dans la construction du cadre institutionnel pour réduire la déforestation au Brésil et à Madagascar. Cette analyse révèle le rôle catalyseur de l’État et des organisations non gouvernementales au Brésil, contrairement à Madagascar, enrôlé dans la REDD par des organismes de coopération multilatérale et d’aide au développement, ainsi que par des organisations non gouvernementales internationales. Les observations et les enquêtes de terrain montrent que les projets pilotes de réduction de la déforestation dans ces deux pays émergent et foisonnent localement sans que leurs contenus reflètent strictement le concept de déforestation évitée tel qu’il est débattu et structuré dans les débats et les négociations internationales sur l’atténuation du changement climatique. En procédant à une explicitation critique et à une mise en consistance géographique et géopolitique du MDP et de la REDD, les recherches présentées dans ce volume soulignent les difficultés de la mise en œuvre des concepts et des politiques qui émergent au niveau international. Ces recherches mettent en évidence le hiatus et les déperditions entre le niveau international, le niveau national et le niveau local, à propos de la réduction des EGES dans les pays en développement. Il apparaît indispensable de poursuivre et d’approfondir les recherches surtout au niveau local, pour évaluer l’efficacité de la mise en œuvre du MDP et de la REDD. Les connaissances fines acquises à ce niveau local devraient être remontées au niveau international pour contribuer à la redéfinition et à une meilleure circonscription des concepts et des politiques internationales de réduction des EGES.