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Trajectoires, expériences, lieux. Pour l'entrée de la géographie, de la santé en géographie critique.
Clélia Gasquet-Blanchard. Trajectoires, expériences, lieux. Pour l'entrée de la géographie, de la santé en géographie critique. : volume 1 : « Essai scientifique inédit » et volume 2 : « Parcours, production scientifique et académique. ». Géographie. Université de Saint Etienne, 2023. ⟨tel-04387381⟩
Cette HDR vise à affirmer la nécessité d’un positionnement critique en géographie de la santé. Celui-ci vise notamment à énoncer, à travers l’examen des travaux et approches autour de la santé globale et des inégalités sociales de santé conduits depuis plus de 15 ans, comment a émergé non seulement une impossible neutralité axiologique dans la recherche menée, mais aussi la nécessité de l’énoncé du positionnement politique que toute recherche implique. Pour cette démonstration, j’introduis comment dans une pratique d’enseignante-chercheuse se sont articulées constamment théorie et empirie, et la place centrale et prépondérante qu’ont pris le terrain, les objets et les sujets de la recherche. Ces derniers, dans le cadre des thématiques investiguées ont fait surgir, en raison de l’affectation qu’ils ont produit, l’obligation de réinterroger les cadres théoriques usuels de la géographie. Ils et elles ont aussi forcé le questionnement des places singulières de géographe que j’ai pu occuper, dans des contextes toujours interdisciplinaires impliquant le terrain comme cœur de la pratique géographique, auprès des malades et survivants des épidémies d’Ebola en Afrique Centrale, des parents d’enfant grands prématurés dans les services de néonatologie, puis des femmes enceintes en migration et/ou en situation de grande précarité et des professionnel.les qui les accompagnent en France. A travers les notions de trajectoires, d’expériences et de lieux, c’est une géographie affectée qui s’est dessinée dans ma pratique et que j’ai alors souhaitée affectante, en mobilisant notamment le médium artistique en sollicitant, dans le cadre d’un projet de recherche, la troupe de théâtre Mi-Fugue Mi-Raison et la photojournaliste Pauline Gauer. Cette géographie s’alimente des théories de l’anarchie et de celles de la géographie radicale et critique (approche intersectionnelle, féministe, décoloniale) pour proposer un positionnement scientifique concret ancré dans l’articulation entre décision, prise de position et terrain, depuis les lieux habituels que sont les institutions dans lesquelles nous exerçons. Non aboutie et en travail, cette réflexion s’engage pour penser la possibilité d’une théorisation en prise concrète avec des actions collectives visant à articuler la défense d’idéaux plus équitables entre les personnes et à destituer les logiques et pratiques qui président au système capitaliste annihilant les lieux et leur sacralité et invisibilisant un nombre toujours plus croissant d’inégalités et de singularité.