Valérie Billaudeau
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SoliFoodWaste est né d’un double constat. D’un côté, le taux de chômage des personnes en situation de handicap est deux fois plus élevé que la moyenne nationale. De l’autre, quelque 10 millions de tonnes de nourriture partent directement à la poubelle chaque année en France, à domicile, au niveau de la restauration ou de la distribution.
Pour lutter à la fois contre l’exclusion professionnelle qui touche les personnes en situation de handicap et le gaspillage alimentaire, l’association Handicap Travail Solidarité (HTS), basée à Saint-Herblain (44), a décidé d’agir. Elle a imaginé deux dispositifs de valorisation d'invendus alimentaires, en circuit court, mobilisant des personnes accueillies en Ésat (Établissement et services d'aide par le travail) ou en EA (Entreprise adaptée).
Dans le cadre de Solipain, les invendus de pains sont transformés en cookies
Depuis 2018, deux expérimentations sont ainsi menées. Dans le cadre de SoliPain, des invendus de pain sont collectés dans la région nantaise et transformés en cookies par des travailleurs de plusieurs Ésat ; les biscuits sont vendus localement, dans des magasins autour des ateliers de production, ou encore servis dans des cantines nantaises. La même approche est à l’origine de SoliFruits qui vise à transformer des invendus de fruits et légumes en compotes, confitures ou soupes...
Ces initiatives sont en passe de changer d’échelle avec le projet SoliFoodWaste. Celui-ci est depuis septembre 2019 et pour 3 ans soutenu par le programme de financement Life de la Commission européenne, dédié aux projets dans les domaines de l’environnement et du climat. Dans ce cadre, il est prévu, d’une part, la consolidation de l’expérience nantaise en centralisant les activités dans un atelier dédié à la transformation. Il sera capable de traiter 600 tonnes de pain et 500 tonnes de fruits à l’horizon 2022, ceci en générant des emplois à destination des personnes en situation de handicap (dont des créations) et en veillant à l’impact environnemental du bâtiment. L’autre volet concerne l’étude des conditions d’essaimage du modèle nantais : comment des ateliers similaires pourraient être créés en France, y compris dans des villes plus modestes, et ailleurs en Europe ?
Sous la direction d’Emmanuel Bioteau et co-encadrée par Valérie Billaudeau et Hervé Christofol, Oriane Vérité, doctorante en géographie, va étudier cette innovation sociale. Au cours de ses trois années de thèse, elle va modéliser la construction du projet et concevoir une méthode de mesure de ses impacts économiques sociaux et environnementaux, qui prenne en compte les spécificités des acteurs et du territoire. Objectifs : permettre, d'une part, son évolution et, d’autre part, « voir comment on peut adapter ce modèle à d’autres villes et d’autres pays ».