L’Algérie, depuis la crise de logements des années 70, adopte de nouveaux instruments de planification afin d’accompagner les projets d’habitat social. Mais ces projets obéissant à une logique purement quantitative n’ont pas dégorgé à la règle tacite du recours excessif aux tours et aux barres. Aujourd’hui, c’est à se demander pourquoi, après tant d’initiatives, les programmes d’habitat social n’aboutissent pas aux résultats escomptés.
L’étude de cette problématique se fera à travers la corrélation entre la morphologie urbaine des quartiers d’habitat social et les usages, afin de comprendre « Comment le cadre bâti influe-t-il sur le comportement des usagers ? », en matière d’orientation, de déplacements, de sécurité et d’incivilités.
La méthodologie adoptée fait recours aux méthodes combinées de la syntaxe spatiale comme outil de simulation des pratiques sociales au sein des configurations spatiales et des modélisations informatiques des paysages visibles. Ces deux analyses seront appuyées par une enquête sociale afin de juger de l’efficacité de la méthode et d’apporter des compléments d’information non soutenus par la syntaxe spatiale.
Dans ce contexte, notre étude se concentre sur les quartiers d’habitat social et collectif de Béjaïa, en Algérie, une ville qui illustre les défis et les controverses de l’urbanisation rapide.
Les résultats obtenus permettent d’appréhender la complexité du fait urbain à travers l’analyse des structures spatiales et les motifs émergents. Leur interprétation démontre que la compréhension subtile de la relation entre cadre physique et pratiques sociales réside dans la considération de l’espace comme une variable qui façonne, et qui est façonnée par, les pratiques sociales. Ces résultats se démarquent des conclusions évidentes du rapport entre l’accessibilité visuelle, la sécurité et la mobilité et apportent une vision détaillée du fait urbain tout en ouvrant des champs de réflexion sur la fabrique de la ville.