Parmi les nombreux intérêts de recherche portés par notre collègue, et ses apports à la compréhension des rapports des individus à leur environnement, nous proposons de revenir sur un aspect particulier de son travail, à la jonction des approches de la psychologie environnementale, de la géographie sociale et de la recherche urbaine, autour des questions de saisie et de restitution de l'expérience sensible en mouvement. Le traitement de ces questions est révélateur de plusieurs dimensions originales du travail de Sandrine Depeau, la revendication d'une interdisciplinarité forte, le décloisonnement des approches, la créativité méthodologique, la construction de communautés de savoirs et de savoir-faire, qui ont contribué à enrichir l'étude des mobilités quotidiennes. Nous illustrerons ces dimensions en revenant notamment sur l'expérience de l'école d'été du CNRS "Mob'Huma'Nip, arts et sciences sociales en mouvement : narrations, iconographies et parcours pour revisiter l'in situ" qu'a co-dirigé Sandrine Depeau et qui s'est tenue du 1er au 5 septembre 2014 à Rezé en Loire-Atlantique. La particularité de cette école a été de permettre des réflexions méthodologiques interdisciplinaires à partir de trois constats partagés : le tournant non-représentationnel des SHS, le tournant spatial de l’art et l’implication grandissante des artistes et chercheurs dans l’espace public et la construction territoriale.