Tirer parti des conflits d'usage sur le littoral Breton (INNOLITT)

Du au soutenance le :
Affiliation : Université Rennes 2
Financement : DREAL

Dans une perspective opérationnelle, nous souhaitons apporter un éclairage théorique et pratique aux conflits de proximité de manière à favoriser un consensus final autour des projets. L'étude des motivations des opposants et l’élaboration d’un modèle théorique de survenue et de déroulement des conflits (Lecourt, 2003) devrait contribuer à l’élaboration d’un outil adapté et adaptable par les porteurs de projet pour prévenir les conflits. Fondamentalement, la socialisation politique impulsée par les contestations locales appréhendée positivement comme une innovation sociale et citoyenne peut venir enrichir les projets d'aménagement et apaiser les relations locales à travers la constitution de nouveaux espaces publics. Dans le cas de l'étude des conflits d’usage liés aux enjeux environnementaux, l’outil foncier et l’évaluation environnementale peuvent constituer des instruments tout à fait appropriés pour réduire la conflictualité et même la prévenir

On prévoit pour au moins un des terrains de se focaliser sur la prévention et la résolution des conflits d’aménagement fréquents en milieu littoral. On pose que les conflits ne se réduisent pas au syndrome NIMBY, car une telle approche nuirait à la compréhension de la variété des motifs d’opposition et des ressorts de la cristallisation des revendications mais, surtout, empêcherait d’envisager des modes d’action publique innovants de nature à diminuer la conflictualité (Dziedzicki, 2003). L’objectif de proposer de telles voies exploratoires repose sur l’hypothèse de la nécessité d’une association authentique des citoyens (au-delà de la dimension purement procédurale et réglementaire). En ce sens, les citoyens opposants aux projets d’aménagement ou engagés dans des conflits d’usage doivent être appréhendés comme des facteurs de productivité sociale et territoriale dans la mesure où ils « se manifestent par des actions collectives » où ils « effectuent un travail de (re)définition de leur inscription spatiale et territoriale » (Melé, 2016). Cette perspective prend donc ses distances avec les représentations ordinairement négatives de la conflictualité. En somme, il s’agira d’étudier en quoi les conflits de proximité sont susceptibles de favoriser un processus de territorialisation par la construction d’une conscience collective propre à une inscription spatiale commune. Cette potentielle (re)définition des modes d’habiter transforme les formes d’actualisation locale du droit et contribue à la construction d'un espace public intermédiaire (au sens des politistes) (Melucci, 1999). Les conflits ont cette vertu de favoriser de nouvelles transactions sociales tant entre les opposants (expérimentations sociales, actions collectives innovantes...) qu’entre eux et les acteurs publics, contribuant ainsi à un processus d’institutionnalisation des contestations (régulation par les débats, interactions, compromis...). Cette appréhension des conflits comme des vecteurs de territorialisation de l’action publique permet de considérer les contestataires comme des coproducteurs de l’intérêt général dans le cadre d’une expérience collective et non comme des perturbateurs. Cette position ouvre la voie à une résolution plus citoyenne et positive des conflits.


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