Parce qu’ils font l’objet d’une valorisation particulière, les lieux touristiques sont parfois l’enjeu de conflits entre les acteurs et les groupes sociaux qui tendent à se les approprier. Le phénomène prend une intensité particulière au Mexique où le tourisme constitue une activité économique de premier plan et où les antagonismes sociaux s’expriment parfois avec violence.
À partir d’une approche ethnographique, la thèse présente l’étude comparée de trois processus localisés marqués par l’intensité des conflits dont l’espace a fait l’objet au cours du développement touristique. Le premier cas est celui du centre touristique de Huatulco créé par le gouvernement fédéral dans les années 1980, où l’expropriation d’une importante quantité de terres a engendré une confrontation avec une partie des populations locales. Le second est celui de la ville touristique de Playa del Carmen, où le développent touristique est traduit par une urbanisation rapide depuis les années 1990. Enfin, le troisième cas est la zone nord du Chiapas, dont la mise en tourisme s’effectue aujourd’hui dans un contexte toujours marqué par le conflit politique opposant l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) aux autorités mexicaines.
À travers ces trois exemples, la thèse interroge la valorisation touristique de l’espace à l’aune des contradictions sociales qu’elle contribue à produire ou à alimenter, notamment autour de la question foncière et des rapports de propriété. L’analyse se déplace ensuite vers l’étude des contextes politiques dans lesquels ces conflits s’expriment, posant la question des usages politiques de l’espace. Ces deux entrées sont proposées comme éléments d’une réflexion matérialiste sur les enjeux sociaux et politiques du fait touristique.
As spaces of high value, tourist areas are likely to attract conflict situations between social groups and other stakeholders who tend to appropriate them. This phenomenon is particularly intense in Mexico, where tourism plays an important economic role and where social antagonisms are sometimes expressed with violence. Based on an ethnographic approach, this thesis is a comparative study of three local tourism development processes marked by the intensity of struggles for space. The first case involves the tourist center of Huatulco, created by the federal government in the 1980s, where the expropriation of a large piece of land has led to confrontation with locals. The second is that of the resort town of Playa de Carmen, where the growing tourism industry has resulted in rapid urbanization since the 1990s. The third case is that of the northern zone of Chiapas, where tourism is developing in a context still marked by political conflict between the Zapatista Army of National Liberation (EZLN) and the Mexican state. Through these three examples, the thesis questions the valorization of tourist spaces by means of the social contradictions produced or reinforced by this valorization, particularly around the issue of land and property. The analysis furthermore extends to the study of the political contexts in which these conflicts take place, raising the question of political uses of space. These two entry points are intended as elements of a materialist reflection on social and political tourism issues.