Les deux dernières décennies nous constatons l’émergence d’une pluralité de prix, palmarès et autres processus de distinction en lien avec les groupes professionnels des architectes, des paysagistes et des urbanistes. Largement diffusés quand le « star système » de l’architecture a été à son apogée, ces processus de distinction ont évolué sur plusieurs aspects : (1) historiquement associés au milieu de l’architecture ils se sont ouvert et diffusés vers d’autres champs professionnels ; (2) en termes d’échelle de référence (distinctions peuvent être régionales, nationales, internationales) ; (3) dans les types de pratiques (maîtrise d’œuvre, recherche, médiation…) ; (4) dans les publics identifiés : “première œuvre”, prix “jeunes”, prix adressés à des publics exclusivement féminins… Les évolutions de ces distinctions révèlent aussi, du moins en partie, les évolutions des manières dont les professionnel·les se positionnent, se représentent et se mettent en scène. De par les thématiques mises en avant et les évolutions de ces processus de distinction, nous pouvons aussi présumer des dynamiques à l'œuvre au sein des groupes professionnels concernés. En cela, l’écologisation des discours et des pratiques, la diversification des places et des métiers occupés ou encore l’évolution des conditions de travail et du cadre d’exercice de la maîtrise d'œuvre semblent ressortir ces dernières années comme des thématiques incontournables. Profitant d’une immersion dans les coulisses d’un palmarès régional promouvant les jeunes professionnel·les en architecture, urbanisme et paysage, nous proposons d’interroger les processus de distinction à l’œuvre. Comment se déroule et qu’est-ce qui se joue au sein d’une arène de distinction ? Comment le processus de sélection donne des clés de compréhension des transitions et notamment de l'écologisation des pratiques et des discours (Dacheux-Auzière et Petit-Berghem, 2017 ; Rodde, 2023) mais aussi à la diversification des métiers et la remise en question du cadre et des conditions d’exercice auxquelles les jeunes professionnel·les, et plus largement les trois groupes professionnels des architectes, des urbanistes et des paysagistes, font face ? Observe-t-on des variations dans la manière de traiter les transitions en œuvre et notamment la transition écologique au sein de ces trois groupes professionnels ? Cette communication s’appuie sur une étude de cas : le Palmarès 2025 des Jeunes Architectes et Paysagistes Ligériens (JAPL). Elle s’inscrit dans l’axe 3 du projet ANR ProMetUrba21. Elle repose : (1) sur une mise en perspective socio-historique de l’usage des prix et distinctions dans le champ de la fabrique des espaces habités à partir de la littérature existante (cf. Biau, 1996 et 2000; Molina, 2014; Chadoin 2013 et 2021) ; (2) sur une observation participante conduite par trois chercheurs·ses, respectivement au jury et au commissariat de sélection 2025 du prix des JAPL. Cette immersion permet l’accès à la scène de sélection (le jury), au règlement écrit, aux argumentaires des dossiers de candidature, aux entretiens individuels avec les lauréats, ainsi qu’au séminaire, organisé par le commissariat et permettant la rencontre entre les lauréats. En cela la communication interrogera la manière dont les transitions et notamment la transition écologique est présente dans ce processus de distinction depuis la manière dont les candidats composent leurs dossiers de candidature, jusqu’à la manière dont opère le jury de sélection en passant par la mise en récit de soi.