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Approche géographique des trajectoires paysagères des hydrosystèmes secondaires de l'ouest de la France
Guillaume Paysant, Sébastien Caillault, Nathalie Carcaud. Approche géographique des trajectoires paysagères des hydrosystèmes secondaires de l'ouest de la France. 5e colloque des Zones Ateliers-CNRS, Nov 2020, A distance, France. ⟨halshs-03159546⟩
En France, de fortes transformations paysagères ont eu lieu ces 70 dernières années, en lien avec les politiques de développement de l'économie et de modernisation de l'agriculture d'après la Seconde Guerre Mondiale. Celles-ci ont eu des impacts conséquents sur le paysage des hydrosystèmes secondaires, espaces « ordinaires » dans l'ouest de la France. La prise en compte de l'environnement dans les politiques actuelles, notamment liée à la Directive Cadre sur l'Eau (2000) et à la Loi sur l'Eau et les Milieux Aquatiques (2006), engendre des projets dont les modèles sont souvent antagonistes avec les transformations liées au développement de l'agriculture de la seconde moitié du XXe siècle. Les hydrosystèmes secondaires se trouvent alors l'objet de fortes mutations sur un intervalle de temps relativement faible et au centre de conflits impliquant des usages et des perceptions des rivières différents et pas toujours compatibles. Les analyses géo-historiques de ces petites rivières sont assez rares, les données anciennes étant plutôt lacunaires. Notre recherche s'intéresse à la caractérisation des trajectoires paysagères des petites rivières de l'ouest de la France, et à l'identification des facteurs impliqués. Une analyse diachronique a été menée sur deux terrains ligériens inscrits dans des contextes géographiques différents, l'Aubance et le Couasnon. A partir de photographies aériennes de 1950 et de 2016, une donnée liée aux talwegs des deux rivières ainsi qu'une caractérisation de l'occupation du sol des deux plaines alluviales à deux dates ont pu être élaborées. Ces données permettent d'une part de caractériser le paysage d'avant les mutations agricoles liées aux politiques de modernisation du XXe siècle et pendant la période de « renaturation » de ces espaces. Les spécificités liées à chacun des hydrosystèmes étudiés ont ainsi pu être analysées tout comme l'impact de certains facteurs. Pour compléter l'analyse à l'échelle des hydrosystèmes, trois secteurs fonctionnels ont été sélectionnés par rapport aux trajectoires paysagères différentes qu'ils ont connues aux deux dates. Cette seconde analyse géo-historique mobilise des photographies aériennes, des plans anciens, des documents réglementaires, de l'observation de terrain et un travail d'enquête. Ce dernier, mené auprès des professionnels de l'eau, des usagers et des riverains a permis d'alimenter la caractérisation des trajectoires paysagères à l'échelle des secteurs fonctionnels, d'intégrer la perception de ces changements et de saisir le contexte social de gestion de ces paysages. Les facteurs impliqués et les temporalités des dynamiques socio-écologiques ont pu être révélés à plusieurs échelles et ont été modélisés sous forme de chorèmes. La géomorphologie, les initiatives des agriculteurs ou encore les zonages de protection du patrimoine naturel et culturel font partie des facteurs impliqués dans les trajectoires paysagères, et ce à différentes échelles. En mettant en exergue les conditions de production des paysages actuels et les facteurs impliqués, en insistant sur le poids des contextes locaux, nous espérons apporter une nouvelle connaissance géo-historique pouvant éclairer les projets d'aménagement futurs.