Depuis son apparition en France dans l’entre-deux guerres, le naturisme est une pratique éminemment plurielle qui n’est pas pratiquée de manière uniforme par tous les adeptes. La définition des modalités de pratiques légitimes sont donc enjeux de luttes entre les différents promoteurs du naturisme. Différentes définitions coexistent et sont source d’interprétations différentes. Ces dernières surgissent régulièrement dans les discours des adeptes sous forme de critique des autres pratiquants. Ainsi, la phrase "ça, c’est pas du naturisme" est employée pour discréditer les modalités de pratiques différentes.
Comment se structure l’espace du naturisme en France depuis les années 1930 jusqu’à aujourd’hui ? Quels sont les différents promoteurs du naturisme et quelles modalités de pratiques concurrentielles valorisent-ils et légitiment-ils ? Quelles sont, en conséquence, les différentes manières de pratiquer le naturisme ?
Basée sur des méthodes croisées de phases longues d’observations participantes, la réalisation d’entretiens mais également de recueil de discours informels, cette thèse de doctorat ambitionne d’interroger la pratique du naturisme dans les campings en France au prisme d’un double continuum. Ce double continuum permet de positionner les entreprises et les associations, les promoteurs, mais également les individus naturistes au croisement de deux axes : recherche de profit (camping naturistes commerciaux) ou le bénévolat (associations naturistes) d’une part et la dénégation des sexes (naturistes familiaux) ou la sexualisation des corps nus (naturistes libertins) d’autre part.