Notre recherche a pour objectif d’analyser l’insertion de la transition énergétique à l’échelle d’une région insulaire française d’outre-mer. En prenant pour territoire d’étude l’île de la Martinique, elle analyse plus spécifiquement les mutations à l’œuvre, pour le secteur énergétique, notamment de la production de l’électricité. En mobilisant le concept de gouvernance, l’étude s’inscrit dans un triple contexte de décentralisation de la compétence énergie, d’ouverture du marché de la production de l’électricité à de nouveaux opérateurs privés, et de contestations de plus en plus fréquentes de projets d’aménagement du territoire de la part de la société civile. Les recherches ont été effectuées en abordant trois axes principaux :
- Le territoire et ses potentiels énergétiques valorisables ;
- Les acteurs opérant la transition énergétique dans l’île ;
- Les projets d’exploitation d’énergies renouvelables.
Basée sur le traitement des entretiens de terrain, des documents techniques et des publications de la presse locale, notre recherche explique l’avancée et la stagnation de la réalisation de la transition énergétique en Martinique. Elle met en évidence le caractère conflictuel et non consensuel de la conception et de la définition même de la transition énergétique. Ce caractère a été confirmé au travers de plusieurs études de cas, comme les installations photovoltaïques au sol, la centrale biomasse Galion 2 ou encore le projet d’énergie thermique des mers NEMO. Répondant d’abord à des enjeux de développement, les débats relatifs à la mise en application de la transition révèlent, avant tout, que l’aménagement du territoire en moyens de production renouvelables est piloté principalement par une gouvernance locale. Celle-ci privilégie l’absence d’incidences sur les activités majeures, comme l’agriculture, le tourisme... Nos résultats montrent que le jeu d’acteurs y est fortement influencé par l’action des acteurs historiques, dessinant ainsi une forte dépendance au sentier de la production de l’électricité à partir des produits pétroliers.
The purpose of this thesis is to analyze the integration of the energy transition within an Overseas Territory of France. Focusing on the island of Martinique as a case study, it analyzes in details the changes taking place in the industry of electricity production. By mobilizing the concept of governance, the study takes place under the triple context of decentralizing of energy-related decisions, opening up the electricity market to new private operators, and increasing dispute on planning emerging from civil society.This research addresses three main issues:• The territory and its exploitable energy potentials;• The actors operating the transition on the island;• Renewable energy exploitation projects. Based on a thorough analysis of technical documents, local press publications and field interviews, this research seeks to explain the reasons behind the progress or the stagnation of the energy transition in Martinique. It highlights the conflicting and non-consensual nature of its conception and definition. Various case studies, such as ground-mounted photovoltaics, the biomass power plant Galion 2 and the ocean thermal energy conversion project NEMO, provide insights on this antagonistic dynamic. Joining a vibrant conversation on the implementation of energy transition, our results reveal that regional development of renewable means of production is mainly driven by a local governance, which seeks to limit the potential impact on major activities such as agriculture, tourism... Historical stakeholders continue to influence the electricity industry, thus maintaining its dependency on petroleum products.