Cette contribution explore les processus de (re)construction identitaire chez les héritiers de l’immigration marocaine, en examinant leurs mobilités transnationales et leur rôle dans la fabrique d’espaces identitaires hybrides. S’appuyant sur des terrains de recherche menés entre 2019 et 2023 au Maroc, pays « d’origine », et en France, pays de résidence, l’étude met en lumière la fabrication de lieux transnationaux, conçus comme de véritables « safe places identitaires ». Pour analyser le caractère transnational de ces lieux, nous nous sommes appuyés sur les travaux de Pinel et Lacroix (2023) portant sur les extensions transnationales de l’intimité familiale dans l’espace domestique des migrants marocains. Définis comme « des lieux transnationaux conçus pour offrir un environnement sécurisé et inclusif, permettant l’expression et le développement des identités transnationales, ces espaces abritent des micro-espaces transnationaux tout en s’intégrant dans un espace transnational plus vaste. Nourris par un réseau transnational et le nourrissant en retour, ils valorisent la diversité culturelle, l’hybridité des expériences vécues et permettent d’occuper l’espace public en s’affranchissant des préjugés et stéréotypes » (Elbichr, 2024). Ces espaces, tels que les « beach clubs » de Marrakech et les « bars à chicha » en France, transcendent leur fonction récréative pour devenir des carrefours culturels. En transcendant la dichotomie entre pays d’origine et pays de résidence, ces lieux reflètent une identité transnationale façonnée par les héritiers de l’immigration marocaine installés dans divers pays. Cette identité émerge au croisement de multiples influences culturelles, tout en conservant le Maroc comme une référence symbolique centrale. Elle témoigne de la capacité de cette population à évoluer au rythme de l’expansion spatiale et de l’ancrage générationnel caractérisant la migration marocaine.