Particulièrement touchées par le VIH en France, les femmes d’Afrique subsaharienne ont été assimilées à un « groupe vulnérable », victimes des hommes dans l’épidémie. Issu d’une analyse empirique de leur mobilisation dans la cause du VIH, cet article vise à « décoloniser la vulnérabilité » qu’elles sont censées incarner, en dévoilant la pluralité des capacités d’agir que ces femmes déploient sur ce terrain. Les actions développées au sein des associations qu’elles portent reposent sur une grammaire du care qui, en répondant aux besoins matériels des femmes et en reconnaissant leurs capacités, active un processus d’agir minoritaire : ensemble de tactiques qu’elles imaginent, depuis leur position minoritaire, afin de négocier les assignations dont elles sont l’objet. La cause du VIH apparaît alors comme un espace où l’agir comme « être vulnérable » devient moteur de transformation politique.

Deeply affected by HIV in France, Sub-Saharan African women have been thought of as a “vulnerable group”, portrayed from the homogeneous category of “third world woman” victim of men in the epidemic. Based on an empirical analysis of their mobilization in the HIV cause, this paper aims at “decolonizing the vulnerability” they are supposed to embody, by unveiling the plural forms of agency they array in this field. The activities carried out within these women’s associations rest on a grammar of care which, by answering the material needs of the women and by acknowledging their capabilities, activate a “minority agency” process: set of tactics that they imagine, from their minority position, in order to negotiate the social positions assigned to them in France. Thus, the HIV cause appears as an area where acting as a “vulnerable being” becomes the driving force of political transformation.