Cette thèse étudie les recompositions de l’action médico-sociale auprès des exilés en situation de précarité sous l’effet des logiques de dispersion territoriale dans les politiques migratoires. S’appuyant sur une enquête auprès d’acteurs de l’action sanitaire et sociale sur un département périurbain en Île-de-France, elle analyse les (re)configurations locales des acteurs publics et privés associatifs, dans leurs pratiques de soin et leurs dynamiques partenariales en réponse à l’accueil croissant d’exilés sur le territoire.
Cette thèse démontre la prégnance des dynamiques de spécialisation dans l’accès aux soins, marquées par le développement de dispositifs dédiés aux exilés et la construction d’une expertise locale relative à leur santé. Face à l’enjeu de décloisonner l’accès des exilés à l’ensemble du système de santé, elle analyse alors les ambivalences et les limites de ces approches spécialisées et explore les pratiques d’orientation négociées vers les services de santé non dédiés aux populations précaires.
Alors que s’affirme la démarche d’« aller-vers » dans les politiques sanitaires et sociales, ce travail analyse enfin le déploiement de l’intervention mobile comme modalité d’extension territoriale des services de santé. Nous montrons comment cette dynamique de « mise en mobilité » représente non seulement une reconfiguration des territoires d’intervention et des conditions de travail des professionnels de l’accueil et du soin, mais bouscule également la construction d'une relation d’aide et les rapports au politique dans lesquels ces derniers s’inscrivent.
En explorant ces recompositions sociales et territoriales de l’action médico-sociale, cette thèse s’inscrit ainsi dans les réflexions sur la mise en œuvre et les enjeux de la lutte contre les inégalités sociales de santé.