En introduction, la communication explicite l’intérêt d’une approche topologique pour aborder les usages de la campagne. Que la maison soit le lieu central (pour les membres de la famille agricole) ou au contraire le lieu le plus inaccessible aux usagers des loisirs, elle reste un repère fondamental. Les chemins sont les portes qui permettent l’accès à l’espace. Les parcelles agricoles forment une trame entre ces deux pôles. La première partie théorise les lieux de l’espace entre espace métrique et espace physique, entre topos et chôra, entre phénoménologie (Heidegger) et médiance (Berque). La seconde interroge ces notions dans le contexte de l’action et des jeux d’acteurs : les propriétés de l’espace sont modelées par différents types d’appropriation, que l’on examine à l’échelle des lieux comme à celle des territoires. La troisième partie examine de manière critique l’approche des ‘coquilles de l’homme’ de Moles et Rohmer. La quatrième développe notre proposition d’espace topologique, distinguant des topologies concrètes, fonctionnelles et personnelles. Les topologies concrètes qualifient le rapport entre les lieux à l'échelle de l'espace perçu (le vu et le caché, les pentes, les rugosités topographique). Les topologies fonctionnelles qualifient les lieux en fonction de leurs usages, par exemple lorsque de deux chemins physiquement semblables un seul fait itinéraire. Les topologies personnelles, peu communicables, s’appuient sur les expériences passées des individus, construisant ses haut-lieux, distinguant les départs et les retours, etc. En conclusion, l’approche topologique permet de comprendre l’espace comme empreinte-matrice de l’homme. Les lieux qui composent l'espace agricole forment ainsi, pour leurs habitants comme pour les ‘passants’, une mosaïque de signes ; leur complexité et les difficultés à communiquer qui peuvent en résulter font à la fois la richesse et la fragilité du partage de l'espace agricole.

By way of introduction, the paper explains the value of a topological approach to the uses of the countryside. Whether the house is the central location (for members of the farming family) or, on the contrary, the most inaccessible location for leisure users, it remains a fundamental landmark. Paths are the gateways to the countryside. The agricultural plots form a grid between these two poles. The first part theorises the places of space between metric space and physical space, between topos and chôra, between phenomenology (Heidegger) and mediation (Berque). The second part examines these notions in the context of action and the interplay of actors: the properties of space are shaped by different types of appropriation, which we examine at the scale of places and territories. The third section takes a critical look at Moles and Rohmer's ‘human shell’ approach. The fourth section develops our proposal for a topological space, distinguishing between concrete, functional and personal topologies. Concrete topologies qualify the relationship between places on the scale of perceived space (the seen and the hidden, slopes, topographical roughness). Functional topologies describe places in terms of how they are used, for example when of two physically similar paths a single one become an itinerary. Personal topologies, which are difficult to communicate, are based on the past experiences of individuals, who build their own high places, distinguish between departures and returns, etc. In conclusion, the topological approach enables us to understand space as a human footprint. The places that make up agricultural space thus form, for their inhabitants as well as for ‘passers-by’, a mosaic of signs; their complexity and the difficulties in communicating that can result from it make up both the richness and the fragility of sharing agricultural space.