La portabilité des technologies de l’information et de communication a entrainé depuis la fin du XXe siècle des changements majeurs le monde du travail. Qu’ils soient salariés, entrepreneurs ou indépendants, bons nombres de travailleurs s’affranchissent des contraintes de localisation et profitent de ces nouvelles opportunités pour devenir plus mobiles et investir de nouveaux territoires à fortes aménités pour exercer leur activité professionnelle. Cette communication examine deux phénomènes souvent amalgamés par les médias, les acteurs publics et la société civile en général : le nomadisme numérique (NN) et les tracances (contraction de "travail" et "vacances", ou "workations" en anglais). Nous posons l’hypothèse que le NN constitue une modalité spécifique des tracances. Le NN désigne davantage un mode de vie où les individus utilisent principalement des appareils mobiles pour le travail et les loisirs, leur permettant de rester connectés lors de leurs déplacements. Les tracances font quant à elles référence à la pratique consistant à travailler à distance depuis un lieu de villégiature, combinant ainsi journées et temps de travail et de détente. En nous appuyant sur les résultats d’enquêtes par entretiens menés auprès de ces travailleurs « géo-indépendants », nous montrons qu’il existe une diversité de situations menant ces individus à vivre des situations de tracances comme le travail en résidence secondaire, les séjours mixtes en hôtel et espace de coliving, les retraites et … le nomadisme numérique. En d’autres termes, notre objectif consiste à resituer cette dernière pratique parmi d’autres.

The portability of information and communication technologies has led to major changes in the world of work since the late 20th century. Whether employees, entrepreneurs, or freelancers, many workers are freeing themselves from geographic constraints and seizing new opportunities to become more mobile and to carry out their professional activities in amenity-rich locations. This paper examines two phenomena often conflated by the media, public authorities, and civil society at large: digital nomadism and "workations" (a portmanteau of "work" and "vacation"). We hypothesize that digital nomadism is a specific form of workation. Digital nomadism refers more broadly to a lifestyle in which individuals rely primarily on mobile devices for work and leisure, enabling them to remain connected while on the move. Workations, on the other hand, involve working remotely from a vacation-like setting, blending work time with leisure. Drawing on interview-based surveys with these so-called "geo-independent" workers, we highlight the diversity of situations in which individuals experience workations—such as working from a second home, staying in hotels or coliving spaces, attending retreats, and … practicing digital nomadism. In other words, our aim is to situate digital nomadism within a broader spectrum of mobile professional practices.