- François Beauvais
Changement climatique et agriculture en Normandie : risques induits sur la culture du blé tendre à l’horizon 2100
François Beauvais. Changement climatique et agriculture en Normandie : risques induits sur la culture du blé tendre à l’horizon 2100. séminaire JED de l’ED 556 HSRT, Université de Caen Normandie, Nov 2019, Caen, France. ⟨hal-04248849⟩
En Normandie, les grandes cultures marquent de leur empreinte l’occupation du sol là où les paysages s’ouvrent. Ces espaces voués à la céréaliculture comportent une part non négligeable de blé tendre. C’est notamment le cas dans la Plaine de Caen et de Falaise (45%), comme dans celles du Neubourg et de Saint-André (55%). Depuis le milieu des années 1990, on observe une stagnation des rendements de blé tendre en France. La cause principale serait climatique, en lien avec une hausse de la variabilité interannuelle de l’échaudage thermique et du déficit hydrique (Gate, 2009 et Brisson, 2010). Dans l’hypothèse forte de printemps et d’été plus chauds et plus secs dans les décennies à venir (GIEC, 2014), le risque de pertes de productions agricoles pourrait augmenter. Cette communication repose sur la prise en compte du raccourcissement du cycle de la plante à partir d’une modélisation agroclimatique recensant les différents forçages climatiques (stress hydrique, gel et basses températures, fortes chaleurs, …) intervenant à différentes périodes phénologiques et pouvant affecter le blé tendre (Gate, 1995). La phénologie, le climat et la nature des sols sont ici combinés afin de constater l’occurrence de différents impacts sur la plante pour chaque année de la période considérée. Les données CNRM-2014 d’une résolution spatiale de 8x8 km permettant de comparer la période actuelle (1976-2005) et lointaine (2071-2100) pour trois scénarios RCP du GIEC (GIEC, 2014) sont mobilisées. Dans le cas d’un réchauffement important, la maturité physiologique du grain pourrait être atteinte avant les chaleurs et les sécheresses estivales (Beauvais et al, 2019). Néanmoins, l’avancée des stades phénologiques pourrait révéler de nouvelles contraintes : basses températures à la méiose pollinique et déficit de rayonnement durant la montaison. Les hivers plus doux engendreraient quant à eux une baisse du nombre de jours de vernalisation. L’occurrence de ces impacts engendrerait l’émergence de nouveaux risques pour les rendements agricoles des céréales en Normandie. Outre l’identification des risques, cette communication se conclura par la proposition de solutions qui permettraient à la filière agricole de s’adapter à la nouvelle donne climatique.