- | ArticleCharif Elalaoui
Les derniers dépôts de Charif Elalaoui
« Votez intelligent ! » Les présidentielles de 2022 vues par des Gilets jaunes
Si l'expression électorale des Gilets jaunes aux élections présidentielles de 2022 reste polarisée, il apparaît - à partir d'une analyse localisée - que leur rapport au président de la République É. Macron constitue une variable explicative de l’impératif de voter durant ces échéances électorales. Perçu comme « méprisant et brutal », certains Gilets jaunes y compris communément abstentionnistes souhaitent lui « faire barrage » . Dans cette perspective, la candidate d’extrême droite ne constitue guère un danger, bien au contraire, elle est présentée comme un rempart et la mieux placée pour accéder au second tour vu la position qu’elle occupe dans les sondages. Cette vision semble plutôt en décalage avec les opinions de la population en France dont 50 % considèrent que la situation « se dégradera » avec l’extrême droite. Cela questionne la capacité de la gauche de transformation à ramener ces fractions des classes populaires, issues pour la majorité d’entre eux de territoires ruraux (hors influence des pôles) ou périurbains et politisées avec le mouvement des Gilets jaunes, dans son giron en réactivant les valeurs de partage et solidarité de classe dans les milieux populaires. Ce décalage interroge également les explications autour des significations que revêtent leur plébiscite de M. Le Pen. Si nous constatons la présence dès 2019 d’un vote en faveur de l’extrême droite à hauteur de 23,5 % au premier tour de l’élection présidentielle de 2017, l’attitude électorale des certains Gilets jaunes demeurent cependant alimentée par des éléments objectifs comme l’expérience de la répression policière, la fragilisation de leur condition de vie et des éléments plus subjectifs dont au premier rang le sentiment qu’une autre partie de la population, appartenant en particulier aux mondes populaires racisés, profiterait de la situation.