Discriminations et attitudes négatives rapportées par les répondants du Net Gay Baromètre 2013 : une approche exploratoire à l’intersection de diverses catégories d’oppression.
Alain Al Léobon, Yannick Chicoine Brathwaite. Discriminations et attitudes négatives rapportées par les répondants du Net Gay Baromètre 2013 : une approche exploratoire à l’intersection de diverses catégories d’oppression.. « Sexualités: des lieux et des liens »: 3e biennale Masculins/Féminins, UMR ESO; Université d'Angers; Université de Rennes; Université de Caen; Université du Maine; Université de Nantes; Confluences (Recherche pluridisciplinaire en lettres, langes sciences humaines et sociales); GEDI (genre, discriminations sexistes et homophobes), Dec 2014, Angers, France. ⟨halshs-03753631⟩
Contexte Le « mariage pour tous » a ravivé en France les propos et comportements homophobes et nous rappelle que l’orientation sexuelle reste bien au cœur de la matrice de domination des minorités sexuelles. Or, particulièrement pour les HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes), le sentiment de discrimination peut se construire de manière additive ou intersectionnelle et concerner d’autres catégories d’oppression : les origines ethnoculturelles ou l’identité de genre, être porteur du VIH, le travail du sexe, mais aussi l’image corporelle ou certaines « attitudes » faisant l’objet des pressions normatives. Objectif Pour mieux comprendre ce phénomène et ses conséquences psychosociales et sur la santé mentale ou le bien-être de ces hommes, le Net Gay Baromètre* , a questionné, dans son édition 2013, le sentiment de discrimination ressenti par catégories d’oppression (ou de stigmatisation) en regardant les espaces où elles opèrent : l’école, le travail, le « milieu gay », Internet, etc. Méthodes et Résultats Sur la base d’un échantillon de 17 384 questionnaires entièrement complétés, des analyses bivariées (χ2, t test) furent réalisées montrant que les répondants qui ont déclaré avoir souffert « au moins une fois » de discrimination dans « au moins un contexte spatial » représente 42.6 % de l’échantillon et sont 26,5 % à le faire que la base de l’orientation sexuelle (homophobie/biphobie), 16.4 % sur celle de l’image corporelle (surpoids), 11,6 % à propos de ses attitudes (ex : « paraître efféminé »), 5,1 % au regard de leur statut VIH (sérophobie), 4,7 % sur la base de ses origines ethnoculturelles, 2,2 % en tant que « travailleur du sexe » et enfin 2,2 % au regard de leur identité de genre (transphobie). Ces résultats confirment que notre échantillon est composé de sous-populations, aux profils plus vulnérables ou plus marginalisés, qui subissent de manière concomitante une ou plusieurs catégories d’oppressions dans des contextes spatiaux parfois généralisés (30.9%) et parfois distincts et circonscrits à l’école (15.3%), au milieu de travail (15.2%), au milieu gay (18.7%) ou aux échanges sur Internet (19.1%). Les facteurs associés au fait de se sentir discriminés varient selon les sous-population (ex : les jeunes HSH, les HSH Séropositifs, travailleurs du sexe, de la Diversité, etc.) mais aussi en leur sein par type/continuum d’oppression ou de victimisation, et révèlent des problématiques psychosociales et de santé mentale : par exemple se sentir déprimé, affectant plus souvent les plus « multidiscriminés » que les « uni-discriminés » (54.8% vs 43.5%; p≤0.001) ou que les non-discriminés (54.8% vs 28.6%; p≤0.001). Discussion : Ce travail exploratoire souligne que l’addition de sources de discriminations est construite, pour un individu, par le fait de posséder une catégorie de discrimination « principale » puis une ou des catégories d’oppression secondaires, les sous-groupes populationnels (que nous citions en exemple) n’étant pas exclusifs : par exemple les « travailleurs du sexe » sont plus nombreux à avoir moins de 25 ans, à appartenir à la « diversité », à avoir de faibles revenus, à être séropositifs ou à consommer des substances psychoactives, partageant les objets de discriminations d’autres catégories populationnelles, même s’ils rapportent le « travail du sexe » comme premier objet de discrimination. Ainsi les organismes ou les associations s’adressant à ces hommes devront intégrer dans leur modèle d’intervention le fait que leur santé mentale peut se trouver affectée à l’intersection de plusieurs objets d’oppressions auxquels ils se confrontent. * Enquête en ligne questionnant les HSH sur leur parcours identitaire, leurs modes de vie, leur relation de couple et leur santé en France et au Québec - http://www.netgaybarometre.fr Mots Clefs : HSH, Homosexualité, enquête en ligne, Internet, orientation sexuelle, discrimination, intersectionnalité, sexualité, identité, orientation sexuelle, travail du sexe, sérophobie, homophobie, transphobie, racisme Discipline : Études sur le genre, sexologie, Psychologie de l’espace, science de l’information et des communications