À Nantes comme dans la plupart des métropoles attractives, les tensions sur le marché de l’immobilier, qui produisent des effets plus larges sur les coûts des loyers et l’accès au logement des classes populaires voire moyennes, sont de plus en plus présentes dans le débat public. Entre 2000 et 2012, plus de 30 000 appartements ont été vendus au sein de Nantes Métropole. Mais qui sont les acheteur·ses sur cette période et d’où viennent-illes ? Cette planche se penche sur cette dimension socio-résidentielle de la métropolisation nantaise.
L’incendie de l’usine SEVESO Lubrizol à Rouen en 2019 est venu rappeler qu’une catastrophe industrielle est toujours possible dans les métropoles, malgré la tertiarisation de leur économie. Celle de Nantes, où sont localisés huit sites SEVESO et 211 installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), n’échappe pas à ce risque. Par ailleurs, les anciens sites industriels nécessitent toujours une attention particulière, notamment à l’occasion de tout nouveau projet d’aménagement en raison des pollutions des sols potentiellement induites. Les métropoles n’ont donc pas définitivement tourné la page de l’industrie.
La pandémie du Covid 19 a produit un effet de loupe inédit sur ceux qui ont été politiquement et médiatiquement nommés les « travailleurs essentiels ». Derrière cette expression, on retrouve des emplois majoritairement occupés par les classes populaires, à la fois les ouvrier·e·s, de l’industrie, de l’agriculture, de la construction et de la logistique, et les employé·e·s de certains services à la personne et des services directs à la consommation (caisses, réassortiment). Pendant les confinements, ils ont dû continuer à se rendre sur leur lieu de travail ou à exercer leurs activités dans l’espace public, depuis les centres urbains jusqu’aux périphéries métropolitaines.
En 2017, les classes populaires rassemblent 45 % de la population de la métropole nantaise. Malgré leur nombre, elles tendent à être de moins en moins visibles dans bien des espaces de la métropole. Entre éviction du centre de la métropole, paupérisation des quartiers de logements sociaux et périurbanisation de plus en plus marquée, les classes populaires connaissent des dynamiques résidentielles contrastées.
Dans les discours médiatiques et le débat public, les métropoles sont couramment décrites comme l’espace des classes supérieures. Pourtant, les classes populaires qui regroupent les ouvrier·e·s et les employé·e·s, soit près de 13 millions d’actifs en 2017 en France, un nombre globalement stable depuis 1982, représentent encore aujourd’hui la moitié de la population des métropoles françaises. Avec 45 % de sa population appartenant aux classes populaires, l’aire urbaine nantaise ne déroge pas à la règle. Leurs espaces s’inscrivent dans la mosaïque des clivages socioprofessionnels de la métropole nantaise.
Dans une étude pionnière de géographie électorale couvrant la période de l’après-guerre jusqu’au milieu des années 1970, D. Rapetti décrivait la « région nantaise » comme un espace charnière où voisinent à la fois des espaces industriels où la « conscience politique de gauche est très affirmée » et des mondes alors ruraux caractérisés par la « pérennité des forces "réactionnaires" ». Depuis cette époque, comment les processus d’urbanisation qui remodèlent le visage de Nantes-Métropole ont-ils transformé sa carte électorale ?
À Nantes comme dans la plupart des métropoles attractives, l’embourgeoisement ou la gentrification de l’espace urbain sont de plus en plus évoqués dans le débat public local, tout comme leurs effets en matière d’exclusion des classes populaires à mesure que les prix de l’immobilier augmentent. Dans le prolongement de la lecture évolutive des divisions socioprofessionnelles dans l’aire urbaine, cette planche revient plus en détail sur les quartiers qui connaissent différents types d’embourgeoisement, afin de bien comprendre de quoi il est question.
Les travaux portant sur la division sociale de l’espace sont souvent marqués par une faible profondeur historique, mais ils permettent cependant de connaître l’état, à un instant T, de l’inégale répartition des groupes socioprofessionnels dans les mondes urbains. Alors que les « fractures géographiques » de la société française sont souvent évoquées dans le débat public sur un mode sensationnaliste, cette planche propose une analyse de l’évolution des divisions socioprofessionnelles de l’aire urbaine nantaise sur quarante ans (1975-2015), afin de mesurer précisément les dynamiques en cours.
Les travaux portant sur la division sociale de l’espace sont souvent marqués par une faible profondeur historique, mais ils permettent cependant de connaître l’état, à un instant T, de l’inégale répartition des groupes socioprofessionnels dans les mondes urbains. Alors que les « fractures géographiques » de la société française sont souvent évoquées dans le débat public sur un mode sensationnaliste, cette planche propose une analyse de l’évolution des divisions socioprofessionnelles de l’aire urbaine nantaise sur quarante ans (1975-2015), afin de mesurer précisément les dynamiques en cours.
Les points de réparations de vélo se multiplient et se diversifient en suivant la forte croissance du nombre de cyclistes en milieu urbain. L’offre de réparation de proximité est concentrée dans le centre, là où l’on observe une augmentation de la pratique du vélo. Elle est en revanche beaucoup plus éparse en périphérie. Les choix sont variés pour réparer sa bicyclette, on peut faire appel à un professionnel spécialisé, aller en grande surface sportive ou encore apprendre auprès de bénévoles d’une association.
Au premier abord, la métropole attractive et le haut-lieu de résistance à la métropolisation semblent se tenir loin l’une de l’autre. Les regarder ensemble, c’est penser la conflictualité comme constitutive du monde réel et créatrice des devenirs possibles d’une société. La théâtralité de ces relations incite à regarder l’intimité et la proximité de toute composition, émancipation ou régulation. Une (belle) histoire.
AMAP ou Association pour le maintien d’une agriculture paysanne… Cet acronyme s’est progressivement ancré dans le paysage de l’alimentation locale en France. Le mouvement, qui fête ses 20 ans en 2021 avec près de 3 000 structures à l’échelle nationale, est particulièrement présent dans l’aire urbaine de Nantes. Soutien solidaire et collectif de « consom’acteurs » à des producteurs paysans via l’achat de paniers de produits de qualité, en quoi les AMAP nantaises sont-elles garantes d’un « manger local » ?
Les articles de presse ne manquent pas pour faire état, ces dernières années, de l’essor de l’usage du vélo en milieu urbain, annonçant une « révolution urbaine » (Le Monde, 14.01.2020) ou n’hésitant pas à titrer « le vélo bouleverse nos vies » (Le Monde, 30.03.2021). La crise du Covid 19 a quant à elle favorisé des aménagements cyclables au nom d’un urbanisme transitoire. Mais qu’en est-il en réalité ? L’observation des pratiques de mobilité à Nantes montre que la réalité est bien plus nuancée que pourraient le laisser penser ces discours médiatiques enthousiastes.
En 2017, les habitants du quartier Beaujoire-Halvêque découvrent un projet urbain de grande ampleur nommé Yellow Park. Ce projet inclue la construction d’immeubles d’habitations, de bureaux et d’un nouveau stade de foot. Les riverains s’engagent dans la concertation avec le but affirmé d’enterrer ce projet. Dans leurs discours, ils invoquent l’histoire ouvrière du quartier et de ces cités en bois. Pourtant, les habitants de la Halvêque, la cité HLM édifiée sur les ruines d’une des cités en bois, resteront les grands absents du dispositif de participation. Que reste-il aujourd’hui des solidarités populaires célébrées lors de cette controverse urbaine ?
Après une première planche qui documente les modes d’habiter dans les bidonvilles , rendant visible une précarité qui contraste singulièrement avec les standards d’une métropole revendiquant l’inclusion et la réussite, ce second volet décrit les politiques publiques et les habiters de résistance dans et hors le bidonville. Comment, contre les préjugés, le bidonville « fait politique » dans la métropole nantaise ?
Produit d’une enquête longue et d’un stage de recherche centré sur la cartographie des bidonvilles, cette planche documente l’installation durable d’une vie communautaire racisée en habitat précaire, sans droit ni titre, dans une agglomération en forte croissance dirigée par une majorité de gauche. Ce premier volet décrit les modes d’habiter de leurs habitant·es, dont la précarité matérielle et sociale tranche avec les standards d’une métropole revendiquant l’inclusion et la réussite.
La parenthèse du Covid 19 a été l’occasion de voir réaffirmées certaines préoccupations environnementales et des scènes surréalistes ont été observées (chevreuil en centre-ville, renards sur des ronds-points). Ces événements ne sont-ils pas des témoins des changements sociaux et de nos rapports à la nature? L’observation des oiseaux figure parmi les activités de loisirs de nature qui témoignent de ces évolutions. Si l’attractivité de Nantes passe notamment par le volet environnemental de ses politiques dans des espaces planifiés, la géographie des observateurs discrets permet-elle de dévoiler des pratiques hors des sentiers battus?
En juin 2020, plusieurs sculptures de figures coloniales et esclavagistes ont été vandalisées dans différentes villes. Ce phénomène n’est pas récent. Depuis des siècles, des artefacts mémoriels sont édifiés, encensés, ravagés. Ces dégradations rappellent que les mémoires de l’esclavage restent conflictuelles et montrent que la simple présence d’édifices dans l’espace public soulève des questions de l’ordre du symbole, de la représentation et de la commémoration. Le Mémorial de l’abolition de l’esclavage nantais n’échappe pas à ces contestations.
Le tramway est devenu un mode de transport à la mode dans les villes françaises à partir des années 1980, après avoir quasiment disparu pendant deux à trois décennies. Nantes symbolise ce renouveau, car elle a été pionnière et possède l’un des réseaux les plus importants en France. Toutefois, cette politique volontariste a tout juste maintenu constante la part des transports en commun dans les déplacements des nantais et n’a pas remis fondamentalement en cause l’hégémonie de l’automobile.
Après une première planche mettant en avant le poids du clivage entre collèges publics et privés dans la fabrique de la ségrégation scolaire, celle-ci rappelle que la ségrégation scolaire n’est pas que le reflet des inégalités sociales dans les mondes urbains. Elle est aussi le produit d’une offre scolaire sectorisée et hiérarchisée entre les collèges, dont se saisissent plus particulièrement certains groupes sociaux.