- Jean-François Thémines
Les derniers dépôts de Jean-François Thémines
Ce que les programmes de géographie disent de l’institution qui les publie. Un terrain pour la géographie sociale ?
De 2000 à 2002, Armand Frémont préside le Groupe d’Experts mis en place par Jack Lang, ministre de l’Education nationale, pour élaborer les programmes d’histoire-géographie des classes de première et terminale. De cet exercice, Armand Frémont a conservé le sentiment mitigé que lui procure le rejet par divers groupes de pression, d’un premier projet de programme unique mêlant histoire et géographie (voir Gérard Granier dans l’ouvrage). Cette séquence éprouvante prend place dans une histoire récente des programmes de géographie, moins marquée par des débats médiatiques que les programmes d’histoire, mais cependant agitée. Plus généralement, aucune discipline scolaire ne traverse tranquillement une période 1990-2020 marquée par le doute sur les contenus enseignés à l’école et sur la capacité de l’Education nationale à assurer l’égalité des chances pour tous. La géographie n’échappe pas aux enjeux de (re)définition disciplinaire caractéristiques de la période. C’est à une lecture de ces enjeux qu’est consacré ce texte. Il prend le parti de faire se rejoindre deux aspects de la carrière et de l’œuvre d’Armand Frémont : son rôle dans la fabrique des programmes scolaires et sa contribution à l’impulsion d’une géographie sociale française. Loin d’être une simple question de transfert de contenus de la science vers l’école, le processus de (re)définition d’une discipline scolaire engage en effet des enjeux de pouvoir autour du travail des professeurs et des élèves. Alors, que nous disent les programmes récents de géographie de l’institution qui les publie, concernant ses rapports avec les savoirs sur l’espace et avec la profession enseignante ?