Géographies de professionnalités en mouvement : de la recherche à la formation
Partant du constat que les évolutions tant des cadres prescriptifs (réformes, dispositifs, référentiels) que des pratiques remettent en cause la représentation cellulaire classique de l’espace de travail des enseignants, nous avons cherché à documenter ces évolutions sur des terrains circonscrits et à proposer des cadres d’analyse des transformations du travail enseignant. Approfondissant l’idée selon laquelle l’espace est un analyseur (Monceau, 2008) des changements professionnels en éducation (Marcel et Piot, 2005), nous l’avons considéré, ainsi qu’il est classique de le faire en géographie, comme une dimension à part entière du social. A ce titre, il était légitime de considérer l’espace comme une ressource professionnelle et un enjeu des transformations en cours dans le travail enseignant. Si l’ouvrage dirigé par Jean-François Marcel et Thierry Piot donnait « des coups de sonde analytique dans [un] espace professionnel élargi » (Barrère, 2007, p. 156), le présent ouvrage s’est attaché à explorer certaines des frontières actuelles de cet espace. A cette fin, les emprunts à la géographie se sont essentiellement focalisés sur le concept de territoire et quelques notions afférentes, notamment celle de frontière ; ce chapitre conclusif s’attache à stabiliser in fine ces définitions. C’est à la jonction entre des territoires en partage d’un côté et des professionnalités enseignantes en question de l’autre, que la notion de frontière a pris sens ; nous en proposons une acception nouvelle dans le domaine. Enfin, nous retournerons une dernière fois à la question qui a motivé les travaux de ce symposium ESTER. En quoi le fait d’entrer par les espaces et les territoires permet-il un certain renouvellement, non seulement en recherche sur le travail et les professionnalités enseignantes, mais aussi dans la formation professionnelle où elles se forgent aussi ?