L’ambition du présent projet est de proposer un questionnement interdisciplinaire, mobilisant sciences sociales, humaines et juridiques, relatif à la dialectique « fréquentation – préservation, protection des espaces littoraux ». Ici, ce sont, plus spécifiquement les usages ludo sportifs du littoral qui intéresse une équipe composée de 17 chercheur·es issus d’universités et de laboratoires différents. Ils proposent à partir de 9 études de sites localisés tout le long du littoral métropolitain, d’une part de caractériser les réalités sociales de ces pratiques et d’autre part, d’analyser les formes de gouvernances qui sont élaborées par les parties en présence pour tenter de trouver des formules consensuelles permettant de dépasser les points de vues voire les controverses souvent vives et de concilier ce qui peut parfois apparaitre comme antinomique.
Cette thématique est d’actualité car l’observateur attentif aura constaté une massification des pratiquants sportifs sur les littoraux, soit dans le cadre de leurs loisirs, soit de compétitions, soit de leurs vacances. Dans le même temps, on note une volonté non seulement affichée, mais qui plus est bien réelle, de mettre en place des mesures de protection, de préservation. La création, en 1975 du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, lequel protège aujourd’hui, pas moins de 155 356 hectares, celle de l’Agence des Aires Marines Protégées en 2006 qui porte pour le seul littoral métropolitain 7 parcs naturels marin ou projets attestent de cette dynamique. Par conséquent le projet présenté par cette équipe scientifique comporte une véritable dimension sociale dont les résultats pourront contribuer à donner des clés de lecture aux acteurs locaux et nationaux qui semblent soucieux de trouver un juste équilibre comme en témoigne la convention de partenariat récemment signée entre l’Agence des Aires Marine Protégées et le Pôle National Ressources des Sports de Nature du Ministère des sports.
L’étude est envisagée sur une période de 3 années, selon une approche comparative, à partir de sites choisis avec la plus grande attention pour ce que leur diversité – statut juridique, superficie, historicité différents notamment -peut apporter pour éclairer les enjeux. L’implication des chercheur·es et l’interaction avec les acteurs locaux sur les principaux terrains d’études retenus sont un atout incontestable. Le souci de préserver le contact avec ces derniers fait partie intégrante du projet déposé.
Des restitutions sont prévues pour chaque site étudié et la participation d’un représentant du Pôle National Ressources des Sports de Nature à chaque séminaire chercheur·es (3 au total), également. La liste collective des publications déjà réalisées en lien avec les pratiques sportives et les littoraux montre la crédibilité de l’équipe scientifique. Dans le cadre de ce projet, la problématique est innovante, en ce sens que le questionnement par la gouvernance n’a jamais été envisagé jusqu’alors ou toutefois jamais de façon centrale.
Au final, les résultats des travaux devraient permettre de cartographier les usages sociaux ludo sportifs des littoraux sur les sites retenus, de classer les pratiques ludo sportives considérées comme étant légitimes ou non légitimes dans les espaces naturels littoraux, d’analyser les débats et controverses autour de la dialectique – usages ludo sportifs et préservation / protection des espaces littoraux- ainsi que les stratégies d’acteurs locaux et centraux. L’élaboration d’une classification des modalités de gouvernance mettant en exergue intérêts et inconvénients pourrait être envisagée au terme de ces 3 années de travaux.