- Miézan Brigitte Aka
Les médias socio-numériques, lieu de circulation et de vulgarisation des « expériences » de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire
Miézan Brigitte Aka. Les médias socio-numériques, lieu de circulation et de vulgarisation des « expériences » de la médecine traditionnelle en Côte d’Ivoire. Utopie d'une Culture Mondialisée et réalité des pratiques Communicationnelles Locales Appréhender les espaces publics à la lumière des discours et pratiques médiatiques : le cas de l’Afrique, ELICO: Equipe de Recherche de Lyon en sciences de l'information et de la communication, Nov 2023, Lyon, France. ⟨hal-04162211⟩
La communication qui présente une partie des résultats de notre thèse (Aka, 2022)[i] s'intéresse aux usages des réseaux socio-numériques dans un contexte où des particularités culturelles locales en matière de prise en charge de la santé relèvent d'un autre système de santé différent du modèle biomédical. Nous interrogeons à cet effet, la notion de résistance développée par Michel Foucault (1994)[ii] dans le cadre des relations de pouvoir afin d'appréhender les attitudes des populations vis-à-vis des recommandations de santé publique. La prise en charge de la santé dépend dans une certaine mesure du patrimoine culturel des communautés. Dans les sociétés traditionnelles, la conception magico-religieuse de la santé qui attribue la maladie au résultat de l'action des mauvais « esprits » ou à la transgression des interdits, est partagée au sein des communautés (Harris, 1998)[iii]. Cette perception de la santé est le fondement des pratiques et des procédés de la médecine traditionnelle. Ainsi, la majorité des ivoiriens, soit 80% (WHO, 2002)[iv], ont recours à cette médecine dans leur itinéraire thérapeutique. Notre analyse, qui réutilise la méthodologie de Viviane Clavier et Céline Paganelli (2010, 2018)[v] sur l'analyse de contenu des forums en ligne sur la thématique de la santé, porte sur un corpus de fils de discussion d'un groupe de Facebook qui totalise 573 messages. De fait, il ressort que les échanges s'inscrivent dans une logique de promotion de la médecine traditionnelle mais aussi de réfutation des discours de la médecine conventionnelle et que cette situation est due au fait que la médecine traditionnelle ne bénéficie pas d'un cadre de reconnaissance véritable dans les politiques institutionnelles de santé.
This paper, which presents some of the results of our thesis (Aka, 2022)[i], focuses on the use of socio-numerical networks in a context where local cultural particularities in terms of health care fall under a different health system from the biomedical model. To this end, we interrogate the notion of resistance developed by Michel Foucault (1994)[ii] in the context of power relations, in order to understand people's attitudes towards public health recommendations. The way in which health is managed depends to some extent on a community's cultural heritage. In traditional societies, the magico-religious conception of health, which attributes illness to the action of evil "spirits" or to the transgression of prohibitions, is shared within communities (Harris, 1998)[iii]. This perception of health underpins the practices and procedures of traditional medicine. The majority of Ivorians, 80% (WHO, 2002)[iv], have recourse to this medicine in their therapeutic itinerary. Our analysis, which reuses the methodology of Viviane Clavier and Céline Paganelli (2010, 2018)[v] on the content analysis of online forums on the theme of health, focuses on a corpus of discussion threads from a Facebook group totaling 573 messages. In fact, it emerges that the exchanges are part of a logic of promotion of traditional medicine but also of refutation of the discourses of conventional medicine and that this situation is due to the fact that traditional medicine does not benefit from a framework of true recognition in institutional health policies.