Imaginaire adolescent et enquête par l’image : comparaison de deux propositions scolaires auprès d’adolescents de 12 à 14 ans
Anne Laure Le Guern, Jean-François Thémines, Nicolas Cordray. Imaginaire adolescent et enquête par l’image : comparaison de deux propositions scolaires auprès d’adolescents de 12 à 14 ans. Colloque International Imaginaire adolescent, Adolescents imaginaires, Universita degli studi di Milano-Bicocca, Université de Picardie Jules Verne, May 2022, Milano (Italy), Italie. ⟨halshs-04046708⟩
Le confinement lié à la pandémie a pu être un front pionnier du travail enseignant (Philippot et Thémines, 2021). Au lieu de laisser aux psychologues cliniciens ou scolaires la prise en charge d’un possible désarroi adolescent, certains professeurs ont permis un travail psychique conséquent en inventant des dispositifs permettant à ces adolescents d’enquêter sur leur situation particulière, également reflet d’une situation générale. L’enquête conçue comme production d’images partagées et commentées de leurs espaces de vies en confinement a pu fonctionner comme pare-angoisse. Ainsi l’imaginaire adolescent devenu par là-même producteur d’images a été transformé en retour par cette fabrication voire création, en raison du caractère inédit à la fois des images produites et de la situation faite à chacun. Nos corpus sont constitués à partir de deux propositions différentes mais travaillant toutes les deux les limites (Anzieu, 1985). Ces deux propositions sont ancrées dans la même discipline scolaire, la géographie. La première consiste à regarder vers l’extérieur « par la fenêtre » pour y voir le monde et dans le même temps aiguiser son regard propre ; la seconde, à l’inverse, enquête sur les espaces intérieurs, pour questionner le chez-soi, et y voir aussi, mais d’une autre façon, le monde. Ces professionnels de l’enseignement retrouvent ainsi des traditions pédagogiques liées au mouvement Freinet, en particulier les classes-promenades. Dans le même temps, l’institution scolaire assignait vainement (de Lajonquière, 2013) les professionnels et les enfants à la conduite des programmes dans des formes rigidifiées. Les corpus sont formés de deux séries de réalisations d’élèves (dessins, cartes, photographies et leurs commentaires), d’échanges par courriels entre enseignant et les élèves retrouvant ainsi le groupe-classe, complété par les focus-groups réalisés avec ces élèves. Ces études de cas montrent qu’apprenant ainsi la géographie, ces adolescents enquêtent sur le monde privé des adolescents et nous l’apprennent à leur tour.