L’ordinaire et le fil

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Edito de novembre 2021

Avec le retour de nos activités in situ depuis juin, nous avons repris les échanges de visu au quotidien et retrouvé le goût des moments de convivialité et de travail collectif. Refaire cours, débattre, réaliser des enquêtes et des sorties terrain : l’ordinaire s’est mué en redécouverte, en raison de ce qui nous avait manqué.

Certes, l’accumulation des tâches qui s’est abattue sur nous a rapidement tempéré l’enthousiasme de cette « redécouverte de l’ordinaire ». En outre, la période actuelle se présente sous un autre jour, pas si ordinaire, du fait d’une part de la persistance de l’incertitude de la situation socio-économique et sanitaire, d’autre part de la transformation profonde de nos modes de travail. Ces derniers avaient déjà commencé à évoluer, mais les conditions forcées issues de la pandémie ont accéléré des processus et produit un « effet de cliquet » sur des tendances lentes et sûres, en particulier la progression de la part de télétravail hebdomadaire et la fréquence des réunions par outils de visioconférence.

Un « nouvel ordinaire » se met en place, qui demande plus de souplesse à chacun et une plus grande attention encore à la préservation de la continuité du lien. Le temps de coordination s’en trouve accru, l’organisation du travail s’en trouve changée, l’enjeu est de maintenir la régularité de la relation pour ne pas « perdre le fil ». En effet, dans nos métiers de la recherche, il me semble que « préserver le fil » relationnel est essentiel pour donner du corps et de la cohésion à nos projets scientifiques. Bien entendu, le travail de recherche développe des hypothèses, des méthodes, des corpus et des techniques d’analyse qui reposent sur une formation intellectuelle, le développement de compétences, la maîtrise d’outils, des moyens matériels et des « ressources humaines ». Pour autant, la qualité des liens sociaux m’apparaît de plus en plus cruciale pour se dire où va, où on veut aller et quels moyens on mobilise et on se donne collectivement.

Je pense donc que rendre compte de nos initiatives, à tous les niveaux et à tous les interlocuteurs pertinents, est une exigence fondamentale pour faire que le fil relationnel soit maintenu et que l’ordinaire se construise harmonieusement, c’est-à-dire en commun.

sdj