Cette proposition s’inscrit dans le cadre du projet ANR Modural (2020-2024), qui s’est intéressé à la mobilité quotidienne dans les périphéries populaires de Bogotá et de Lima, et de ma thèse (2019-2024), au sujet des pratiques du vélo à Bogotá. A partir des entretiens et des parcours commentés menés auprès de cyclistes, de marcheur·ses et d’usagèr·es des transports en commun, je questionne l’organisation quotidienne de la mobilité à l’échelle du ménage, voire celle, parfois plus large, de la famille. Je propose d’analyser les stratégies qui se mettent en place à partir de l’offre disponible et des capacités individuelles et collectives du ménage (financière, physique, etc.) pour répondre aux besoins de mobilité quotidienne. En concentrant cette étude sur les périphéries populaires de Bogotá, les injustices à l’œuvre dans la mobilité quotidienne sont mises en lumière, en particulier lorsque l’offre de mobilité est défaillante et/ou que les personnes font face à une limitation de leur capacité à se déplacer (handicap, enfants dépendants des adultes, non maîtrise du vélo/de la moto/de la voiture, etc.). Les stratégies étudiées prennent la forme de trajets accompagnés, bien souvent dans une logique de travail domestique mobile (Gilow, 2019), de trajets polygonaux (Ciocoletto, 2014), ou de schémas de mobilité complexes et intermodaux. L’étude de ces interdépendances en Amérique latine révèle des modalités de déplacement et des stratégies qui repose sur une répartition genrée des rôles du care (Jirón & Gómez, 2018). En s’inspirant des travaux en ethnographie visuelle et sur les méthodes mobiles, les données analysées sont présentées sous la forme de transcriptions visuelles, qui restituent des traces audios, visuelles et GPS.