À partir d’une enquête sociologique menée auprès des services en charge de la conception et de l’entretien des espaces publics de trois villes (Rennes, Strasbourg, Le Mans) qui cherchent à intégrer une perspective de genre dans la production urbaine, l’article questionne les difficultés à imaginer une ville « féministe ». L’article propose des pistes pour lever les obstacles liés à la neutralité perçue de l’espace public. L’iconographie et les documents d’urbanisme, en tant que supports à l’imagination, permettent de préfigurer une ville remettant en cause les structures fondamentales de l’ordre social sexué. Cela suppose un investissement plus conséquent de la planification stratégique sensible au genre, intégrant une analyse et une reconfiguration spatiale du travail reproductif à l’échelle des communes et agglomérations.

Based on a sociological survey of departments in charge of designing and maintaining public spaces in three cities (Rennes, Strasbourg, Le Mans) seeking to integrate a gender perspective into urban production, the article questions the difficulties of imagining a "feminist" city. This paper stresses new leads to overcome the perceived neutrality of public space. Iconography and planning documents are tools for imagination of a city freed from the norms of the gendered social order. Therefore, urban planners should delve into a gender-sensitive analysis of reproductive work and its spatial configuration at the level of towns and agglomerations.